Que sait-on du cancer lié aux implants mammaires?
SANTE•«20 Minutes» fait le point sur ce que l'on sait déjà de ce nouveau scandale...Delphine Bancaud
C’est un nouveau scandale de santé publique qui jette l’opprobre sur les prothèses mammaires. Selon l’édition de mardi du Parisien, des cas de cancer liés des implants mammaires ont été diagnostiqués depuis 2011. 20 Minutes fait le point sur cette pathologie.
De quelle maladie s’agit-il?
Selon, l'Institut national du cancer (INCa), qui l’a mise au jour, elle est appelée le lymphome anaplastique à grandes cellules associé à un implant mammaire (lymphome AGC-AIM). Selon François Hébert, directeur général adjoint de l'Agence nationale de sécurité du médicament cité par Le Parisien, «il y a eu un premier cas en 2011, deux en 2012, quatre en 2013 et onze en 2014». Soit 18 cas en tout et une personne est décédée. Selon Le Parisien, il y aurait 173 cas de cette maladie dans le monde.
A quoi est dû ce cancer?
Selon les premières recherches, la composition interne de l’implant mammaire ne semble pas responsable, mais son revêtement externe l’est peut-être. Car le cancer apparaît à la suite d’une inflammation à la surface de l’implant. « Dans tous les cas répertoriés, il y a un type de revêtement macrotexturé. Delà à en tirer des conclusions, ce serait prématuré», a déclaré ce mardi midi, Dominique Martin, directeur de l'Agence nationale de sécurité du médicament, lors d'une conférence de presse improvisée. Sur 18 cas de ce cancer, 14 concernent des femmes porteuses de prothèses américaines de la marque Allergan. Mais les femmes ayant ces prothèses en ont généralement porté d’autres auparavant, provenant d’autres fabricants. Ce qui impose des recherches plus poussées sur ce point. «Aucune marque, aucune enveloppe particulière n'a été mise en cause de façon directe» dans les cas répertoriés, a donc affirmé Marisol Touraine ce mardi midi.
Quel est le profil des femmes touchées?
Selon un avis des experts de l’INCa sur le LAGC-AIM consulté par 20 minutes, sur les 18 femmes françaises atteintes par cette maladie, huit s’étaient fait poser des implants mammaires pour des raisons esthétiques et dix pour une reconstruction mammaire à la suite d’un cancer du sein. Les femmes avaient 63 ans en moyenne. Dans la majorité des cas, plusieurs implantations successives ont parfois été réalisées. Selon l’Inca, la maladie «surviendrait en moyenne entre 11 à 15 ans après la pose du premier implant», mais «de grandes variations de ce délai sont cependant possibles (2 à 37 ans)», souligne l’organisme.
Quel est le risque de développer ce type de cancer pour les porteuses de prothèses?
«Les femmes ne doivent pas céder à une inquiétude excessive», a affirmé la ministre de la Santé lors de la conférence de presse de mardi midi. «C'est une maladie, très très rare», a-t-elle insisté. D’après les premières recherches effectuées sur cette pathologie, le risque pour les porteuses d’implants d’être touché par cette pathologie est faible selon l’INCa: «une à deux femmes pour 10 000 porteuses d’implant(s) mammaire(s) pendant 10 ans présenteraient un LAGC-AIM, sous réserve de la validité des hypothèses encore difficile à apprécier à ce stade».
Quels sont les traitements pour ce cancer?
«Souvent, il suffit de retirer la prothèse pour que le lymphome disparaisse. Dans d'autres cas, lorsque le maladie est plus agressive, on a recours à la chimiothérapie et à la radiothérapie», a expliqué ce mardi Agnès Buzyn, présidente de l'INCa. Elle a aussi précisé que dans la majorité des cas détectés le pronostic était bon.
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Peut-on prévenir cette maladie?
Face à l’augmentation du nombre de cas de ce cancer, il est fort probable que les femmes porteuses d’implants fassent l’objet d’une plus grande attention à l’avenir. Selon l’avis des experts de l’INCa, en cas d’épanchement, d’augmentation de volume de la prothèse, de douleur, d’ulcération et d’altération de l’état général, les porteuses d’implants doivent signaler ces symptômes à leur médecin pour procéder à des examens. Anticipant certaines réactions excessives, la ministre de la Santé a déclaré ce mardi qu'il n'était pas «recommandé de faire retirer les prothèses pour prévenir l'apparition de ce lymphome». La ministre a rappelé les recommandations quant au suivi de ces femmes: à savoir une palpation des seins chaque année à partir de 25 ans et une mammographie tous les deux ans dès 50 ans.
La découverte de ce type de cancer aura-elle une incidence sur la pose de prothèses mammaires?
C’est possible. L'Agence nationale de sécurité du médicament a d’ailleurs prévu une réunion sur le sujet dans dix jours. «S'il faut prendre des mesures, si on doit les interdire, nous le ferons», a d’ores et déjà déclaré son directeur général adjoint, François Hébert dans Le Parisien.