La France abandonne l'étude sur les effets des prothèses mammaires sur la santé
SANTE•L'Agence du médicament a suspendu le financement alloué à l'Inserm, chargé de mener l'étude...Anissa Boumediene
Elle prend fin avant d'avoir réellement commencé. L'Agence du médicament a décidé de suspendre le financement alloué à Lucie, l'étude de l'Inserm qui devait assurer le suivi médical sur dix ans de 100.000 femmes porteuses de prothèses mammaires, rapporte ce mercredi Le Figaro.
Evaluer l'état de santé des porteuses de prothèses
Lancée en juillet dernier, l'étude devait permettre, comme s'y était engagée la France, d'évaluer les dangers et effets indésirables éventuels des prothèses sur la santé, quelle que soit leur marque. Dans un contexte post-scandale sanitaire des prothèses PIP, Lucie était censée livrer une étude à grande échelle sur l'état de santé des femmes portant ou ayant porté des implants, qu'il s'agisse d'interventions esthétiques ou médicales.
Menée par l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), l'étude avait été commandée par la Direction générale de la santé (DGS), pour un montant estimé à un million et demi d'euros, un coût normal pour ce type de recherches. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), l'ancienne Afssaps, devait assurer la prise en charge de Lucie.
Mais patatras, l'agence, qui n'a à ce jour financé qu'une première étape de l'étude, vient d'annoncer sa décision de geler le financement de l'étude. «Il nous est impossible de poursuivre l'étude de faisabilité », assure l'ANSM, qui explique au Figaro avoir «accordé un délai supplémentaire de 6 mois à l'équipe Inserm afin qu'elle apporte des éléments sur la faisabilité définitive de cette étude. Si les informations fournies sont probantes, l'ANSM poursuivra le financement de cette étude en complément des 162.000 € déjà versés».
Se dégager du projet?
Un délai intenable qui pousse Florent de Vathaire, chargé de mener l'étude, à croire que «l'ANSM cherche à se dégager de ce projet, mais sans le dire clairement et en prendre la responsabilité». Ce mercredi, le site internet et les comptes Facebook et Twitter dédiés à l'étude Lucie n'étaient plus accessibles.
Dans la communauté scientifique et médicale, qui s'accorde sur le manque de tests effectués sur les prothèses mammaires, on déplore ce qui ressemble fortement à un abandon de cette étude à grande échelle, qui aurait permis de tirer de précieux enseignements sur la question.
En 2013, le nombre de femmes porteuses de prothèses mammaires était estimé en France à 346.000.