Diabète et obésité font des ravages en Polynésie et Nouvelle-Calédonie
Etat des lieux•Génétique, sédentarité et addiction aux boissons pétillantes et sucrées installent l'obésité et le diabète chez les habitants de Polynésie ou de Nouvelle-Calédonie...20 Minutes avec agences
Plus de la moitié des habitants de Nouvelle-Calédonie (54,2%) est en surpoids ou obèse. Ils ne sont que 30% environ à quelque 22.000 kilomètres de là, en Métropole. Le constat est alarmant. D'autant plus que les Calédoniens sont touchés par cette maladie de plus en plus jeune.
«L'obésité, souvent associée au diabète dans les îles du Pacifique (1), est un véritable fléau sanitaire, une réelle épidémie même s'il s'agit d'une maladie non transmissible», lâche Bernard Deladrière, en charge de la santé au sein du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, avant de préciser: «Chaque année, le nombre de diabétiques augmente de 6% et le pourcentage de la population atteinte de surpoids ou d'obésité a une tendance lourde à s'accroître.»
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Des diabétiques qui s'ignorent
Dans cet archipel de 265.000 habitants, les données officielles font état de 20.000 personnes diabétiques, soit un adulte sur dix, dont près de la moitié ignore son état puisque seuls 12.000 diabétiques sont suivis. «Et tant que le surpoids ne reculera pas, il n'y aura pas d'amélioration», insiste Dominique Mégraoua, pilote du programme diabète à l'Agence sanitaire et sociale.
«Le baromètre Santé réalisé en 2012 a révélé que 42% des enfants de 12 ans étaient atteints par l'obésité», renchérit Bernard Deladrière, précisant que la communauté polynésienne est de loin la plus concernée, en raison de prédispositions génétiques.
46 millions d'euros annuels pour l'Assurance maladie
Deuxième diagnostic pris en charge, le diabète et les multiples affections qui lui sont associées (insuffisance rénale, hypertension, maladies cardiovasculaires...), coûtent 5,5 milliards de francs Pacifique (46 millions euros) par an à la Cafat, caisse locale d'assurance maladie.
«Les gens mangent trop gras et trop sucré. Avec l'urbanisation et l'occidentalisation des communautés océaniennes, les gens ne vont plus aux champs, ils ne cultivent plus et achètent des aliments manufacturés», explique Bernard Deladrière.
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60% d'obèses à Wallis-et-Futuna
Dans ce territoire, aux inégalités sociales profondes, les familles modestes peinent à acheter régulièrement fruits et légumes, largement plus onéreux que dans l'Hexagone. Et à Wallis-et-Futuna, deux minuscules îles polynésiennes de moins de 13.000 âmes, la situation est encore plus dramatique.
Un rapport de la Cour des Comptes de juin 2014 sur La santé dans les outre-mer a révélé qu'entre 1980 et 2010, le diabète et l'obésité avaient doublé et la prévalence de l'hypertension, triplée. 60% des habitants de l'archipel sont obèses. La Cour avait mis en exergue «la prise en charge défaillante de ces risques, au point que l'espérance de vie recule, un cas de figure unique en France».