Une petite île du Pacifique va récompenser ceux qui vivent sainement

Une petite île du Pacifique va récompenser ceux qui vivent sainement

Une minuscule île du Pacifique, perdue entre l'Australie, la ...
© 2010 AFP

© 2010 AFP

Une minuscule île du Pacifique, perdue entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Calédonie, va mettre en oeuvre un programme unique au monde visant à récompenser en monnaie sonnante et trébuchante les habitants qui polluent peu et vivent sainement.

L'île Norfolk, un confetti de 35 km carrés, abrite 2.000 habitants et est un site idéal pour tester de nouvelles idées face à deux des grands défis des sociétés modernes: le réchauffement climatique et l'obésité, ont indiqué les chercheurs à l'origine de ce projet.

"Nous avons une île située à 1.700 km au large des côtes australiennes, complètement autonome, et il est facile de mesurer ce qui y rentre et ce qui en sort", a souligné Garry Egger, de l'université Southern Cross, près de Brisbane, et chef de l'équipe des chercheurs à l'origine de ce programme.

Ancienne colonie pénitentiaire britannique, aux 18 et 19ème siècles, Norfolk est aujourd'hui le seul territoire d'Australie qui dispose d'un gouvernement autonome.

Chacun des habitants se verra remettre "une carte de crédit carbone", qu'il devra présenter en payant son électricité, son carburant et en faisant ses courses d'alimentation, ont indiqué les chercheurs.

Ceux auxquels il restera des unités pourront les échanger contre de l'argent liquide, tandis que les plus dépensiers devront acheter des unités supplémentaires.

Les habitants de Norfolk possèdent un style de vie comparable à celui des Australiens en termes de pollution et d'obésité, a indiqué Garry Egger.

L'Australie est le premier émetteur par habitant de gaz à effet de serre, en raison d'une importante industrie minière. Elle affiche un taux d'obésité moyen qui la classe parmi les dix pays de tête dans le monde.

Le programme, basé sur le volontariat, a pour but de réduire la consommation d'électricité et d'essence et l'importation de nourriture industrielle, et d'encourager la population à se déplacer en vélo ou à marcher.

L'expérience, qui démarrera début 2011 et doit durer trois ans, est financée par le Conseil australien de la recherche et les autorités locales.

Les quelque 30.000 touristes qui se rendent chaque année dans l'île recevront eux aussi une carte à leur arrivée, dotée d'un nombre d'unités calculé selon la durée de leur séjour.

"Ils pourront ensuite récupérer de l'argent s'ils ont veillé à leur consommation, mais à l'inverse il leur faudra payer s'ils ont dépassé leur crédit", a indiqué M.Egger.

"C'est assez amusant parce que finalement les touristes pourront gagner de l'argent tout en étant en vacances, s'ils font ce qu'il faut", a-t-il ajouté.

Les habitants ont répondu avec enthousiasme à cette initiative, a déclaré Andre Nobbs, ministre du Tourisme de Norfolk. "L'atout de Norfolk, c'est que les gens d'ici ont des idéaux très forts à propos de l'environnement", a-t-il souligné.

Le nombre d'unités sera peu à peu réduit, pour atteindre des objectifs plus ambitieux en matière de pollution et de santé, a précisé Garry Egger.

Selon lui, l'un des enjeux majeurs de cette expérience sera l'assiduité de la population. Dans trois ans, un bilan sera présenté aux autorités australiennes et locales.

"Si les habitants de Norfolk ont bien adopté ce programme, alors il pourrait être élargi à l'échelle d'un pays tout entier. Voire pourquoi pas de la planète", a-t-il expliqué.