Lyon : L’ondulation des poissons comme inspiration pour produire de l’énergie
ENERGIES RENOUVELABLES•Ce nouveau procédé d’énergies renouvelables va être testé dans les eaux du Rhône, à Caluire, près de LyonElise Martin
L'essentiel
- La ville de Caluire, près de Lyon, va accueillir prochainement quatre nouvelles hydroliennes qui imitent le mouvement des poissons pour produire de l’électricité.
- Après avoir permis au groupement Hydroquest-Hydrowatt de tester leur technologie, les Voies navigables françaises viennent d’autoriser la société EEL Energy à faire son expérimentation dans les eaux fluviales du Rhône.
- Grâce à la vitesse des courants et à cette nouvelle technologie, unique au monde, les hydroliennes à membranes ondulantes devraient pouvoir produire 400 MWh par an, soit l’équivalent de la consommation de cent foyers.
Après avoir accueilli la première « ferme à hydroliennes du monde » en 2018, la ville de Caluire, près de Lyon, s’apprête à expérimenter un nouveau procédé, lui aussi unique à l’échelle planétaire. A partir de fin juin, quatre hydroliennes biomimétiques, qui reproduisent le mouvement des poissons dans l’eau, vont être installées dans les courants fluviaux du Rhône afin de produire de l’électricité.
C’est une révolution dans le (petit) milieu de l’hydrolien, habitué aux modèles à turbines qui, à l’image d’une éolienne qui capte l’air, utilisent les courants d’eau pour produire de l’énergie. Mais une entreprise de Boulogne-sur-Mer, EEL Energy, a voulu miser sur les travaux de Jean-Baptiste Drevet pour imaginer une nouvelle technologie dans le monde des énergies renouvelables.
« Si le principe d’hélice fonctionne sur terre, il est plus difficile de le rendre optimal dans l’eau, où ce même procédé n’existe pas naturellement, développe Franck Sylvain, directeur général de la société. Pourtant, des espèces comme le marlin bleu et l’espadon arrivent à se déplacer, dans cet univers très dense, à plus de 110 km/h. Ils le font grâce à l’ondulation. On s’est dit que c’était cette technique qui rendrait la machine la plus efficace dans le domaine. »
Une technologie qui capte 50 % d’énergie de plus que les meilleures hélices
Et les résultats parlent d’eux-mêmes. « Nos membranes sont installées depuis un an dans la rade de Brest, en Bretagne, poursuit l’entrepreneur. Le bilan est extraordinaire. Nos machines récupèrent 50 % de plus d’énergie que les meilleures hydroliennes à hélices. »
Comment ça marche (ou plutôt, ça nage) ? Imaginez un dauphin contre la marée, qui fait du sur-place. « Sur la queue de ce dauphin, on a fixé un mât qui monte et qui descend. Ce mouvement actionne une dynamo pour faire fonctionner de l’électricité », illustre Franck Sylvain.
Il met également en avant la capacité des membranes ondulantes à produire « H24 ». « Tant qu’il y a de l’eau », plaisante-t-il à moitié. Avant de citer tous les avantages : « Cette technologie n’a pas de déchets ni d’émission de CO2 en fonctionnement, n’émet pas de pollution visuelle, ni sonore sous l’eau comme terrestre. En plus, il n’y a pas d’impact sur le littoral et pas d’agression de la faune. A la différence de l’éolien ou du solaire, les hydroliennes ne dépendent pas du temps. Les courants sont prédictibles, quantifiables, localisés et réguliers. »
Caluire, site privilégié pour les tests d’hydroliennes
Une fois disposées dans le Rhône, ces machines produiront 400 MWh par an, soit l’équivalent de la consommation de cent foyers. Pourquoi ici précisément ? « A cet emplacement, il n’y a pas de bateaux qui passent ou d’autres activités fluviales. Et les vitesses de courant sont très fortes [plus de 2 m/s]. Ce qui nous intéresse, c’est la puissance du courant », précise le directeur général d’EEL Energy. Des caractéristiques difficiles à rassembler pour les fleuves. « En France, on a beaucoup de barrages hydroélectriques qui ont une influence sur l’énergie cinétique, nécessaire pour les hydroliennes. Le marché intéressant se trouve alors au niveau des courants de marées, dans la mer, ou dans d’autres pays du monde », détaille Franck Sylvain.
Le groupement Hydroquest-Hydrowatt, qui a testé sa technologie à Caluire pendant trois ans, a d’ailleurs décidé de se concentrer au développement maritime de ces hydroliennes, ont précisé les Voies navigables françaises (VNF) en détaillant qu’EEL Energy avait repris le contrat conclu avec cette filiale. « Les infrastructures de raccordement étant déjà existantes, il n’y a pas de travaux de génie civil à prévoir », soulignent ainsi les VNF. Et de conclure : « On est ravi que le site continue de vivre de cette manière, étant donné que les conditions propices et la difficulté de faire ce genre d’expérimentations ailleurs. On est très fier de contribuer à l’évolution de la filière en mettant à disposition le domaine public. »
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