Ile-de-France: «Milieu ouvrier déçu», «vote de défiance», le FN progresse en grande couronne
POLITIQUE•Dans le département de la Seine-et-Marne, le PS, qui a recueilli 13,78% des voix, arrive loin derrière le FN avec 31,20%...Romain Lescurieux
Un bond en avant? Si la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne lui résistent, le Front national progresse dans le reste de l’Ile-de-France en réalisant plusieurs percées en grande couronne lors du premier tout des élections départementales. Dans le Val d’Oise, le parti de Marine Le Pen sera au second tour dans 16 des 21 cantons dont Goussainville où il vire en tête avec 32%.
Élections départementales en Ile-de-France: La situation par département
Dans les Yvelines, le FN est présent dans 7 cantons sur 21 et entend jouer les trouble-fêtes dans l’Essonne avec une présence au second tour à Evry, fief de Manuel Valls. Surtout, le parti réalise une poussée en Seine-et-Marne, que la gauche tient depuis 2004.
Cette perte «est une situation d'ores et déjà certaine, a même affirmé le président socialiste sortant Vincent Eblé. Nous aurions pu sauver des positions si nous avions trouvé l'union entre les formations politiques de la majorité.»
«Sentiment de relégation»
Même son de cloche au bureau départemental. «Les résultats sont décevants mais étaient prévisibles dès lors que la gauche se présentait divisée», déplore auprès de 20 Minutes, Philippe Sainsard, premier secrétaire fédéral du Parti socialiste de Seine-et-Marne au lendemain des élections. Et pour cause. Dans ce plus vaste département d'Ile-de-France, le plus rural aussi, le PS, qui a recueilli 13,78% des voix, ne sera présent en ballottage que dans sept cantons sur les 23. Et arrive donc loin derrière le FN (31,20%) et l'UMP (26,89%). Le parti d'extrême droite sera présent dans 19 cantons dimanche prochain, dont huit où il est arrivé en tête. Trois duels l'opposeront à la gauche.
«Nous avons perdu dans les cantons où nous avons perdu les municipales, comme à Chelles», poursuit Philippe Sainsard en revenant sur la percée du FN. «Nous sommes en périphérie de l’Ile-de-France. Et il y a un sentiment de relégation avec les réductions ou suppressions de certains services publics. Ce qui sert de terreau favorable au Front national, principalement dans les zones rurales», reconnaît-il, en appelant à faire barrage au parti de Marine Le Pen lors du second tour.
«L’esprit du front républicain diminue»
De son côté, la fédération du FN en Seine-et-Marne, se félicite que «le Front avance au pas de charge. Et ce grâce à un parti bien implanté dans le département et très bien perçu par la ruralité car nous défendons la cause agricole», affirme Renaud Persson, secrétaire départemental.
«Depuis les élections européennes de 2014, le FN progresse en Ile-de-France, principalement en grande couronne, dans les zones rurales, davantage dans un milieu ouvrier déçu par la droite avec un vote de défiance envers la gauche», explique Antoine Jardin, spécialiste du vote et des inégalités urbaines au centre d’études européennes de Sciences Po. Selon lui, les chances de victoire au second tour sont assez hautes dans de nombreux cantons: «Le FN progresse en termes de suffrages exprimés, en même temps que l’esprit du front républicain diminue. Le parti de Marine Le Pen a des possibilités de victoire notables dans les cas de duels contre le PS.»