Le controversé article 4 de la loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) s'apprête à entrer en action. Selon Le Figaro, un décret d'application devrait être publié à Noël, et 1.000 sites pédopornographiques devront être bloqués par les FAI d'ici janvier. Une mesure à l'efficacité contestée et largement critiquée sur le Net pour ses dérives potentielles.

Pas de juge, liste secrète

Placer un site sur la liste noire se fera sur simple décision administrative, et pas sur ordre d'un juge. Surtout, le contenu de la liste restera a priori secret, pour éviter une publicité contreproductive. «Quid d'autres sites se trouvant par mégarde dans la liste et qui n'ont rien à voir avec la pédopornographie ?», demande Numerama.

Dans un projet similaire en Australie, certains sites pornographiques légaux, et d'autres qui n'avaient même rien à voir, se sont en effet retrouvés bloqués.

Facilement contournable

Sur le fond, de nombreux pays, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, ont reconnu que le blocage par liste noire n'est pas une méthode efficace pour lutter contre la pédopornographie. D'abord, comme l'a montré le cas du site CopWatch, un blocage se contourne (notamment en utilisant un proxy ou un serveur DNS différent de celui de son FAI). Surtout, les réseaux criminels pédophiles passent rarement directement par un site Web mais par d'autres types d'échanges (mails, P2P, newsgroup).

Les forces de l'ordre le savent bien. Selon un policier interrogé par Le Figaro, «l'intérêt est avant tout d'empêcher que des quidams tombent accidentellement dessus et de dissuader une partie des “consommateurs” débutants tentés par ce genre d'images.» Reste à savoir combien d'internautes sont «accidentellement» tombés sur un tel site.