Google va devoir affronter une enquête antitrust aux Etats-Unis
CONCURRENCE•Après l'Europe, c'est du côté de Washington que Google commence à avoir des problèmes...P.B.
Aux Etats-Unis, établir une position dominante n'est pas une infraction. Mais en profiter et en abuser est puni par la loi. Selon le Wall Street Journal, la FTC, le gendarme américain de la concurrence, s'apprête à lancer une procédure antitrust contre Google. La plus sérieuse à ce jour.
Il ne s'agit que de la première étape, avec l'envoi d'une convocation officielle invitant des cadres de l'entreprise à s'expliquer. Google a déjà dû rendre des comptes à plusieurs reprises, notamment sur ses acquisitions. Mais cette fois, c'est bien son coeur de business –le couple recherche/publicité– que l'entreprise de Mountain View va devoir défendre.
Des concurrents remontés
Question centrale, qui intéresse déjà Bruxelles: Google favorise-t-il ses propres sites et services (YouTube, Maps, Shopping, etc) au détriment de la concurrence? Impossible de le savoir sans se pencher sur le sacro-saint algorithme de classement, gardé secret par l'entreprise.
Dans une vaste étude, Ben Edelman, professeur assistant à Harvard (et occasionnellement consultant pour Microsoft), a conclu que tous les moteurs s'auto-favorisaient, mais que Google le faisait plus que les autres. Problème, comme le relève Danny Sullivan, de SearchEngineLand, tester quelques mots clés sur plusieurs moteurs n'a rien de scientifique. Il faudrait corréler la popularité relative de chaque service à la position dans les résultats (et même dans ce cas, il faudrait encore ajouter les accès directs à chaque site, hors moteur). Des résultats «maps» ou «vidéo» sont-il mis en avant par l'algorithme car Google Maps et YouTube sont les sites les plus populaires, ou sont-ils les plus populaires car ils sont mis en avant? C'est un peu l'histoire de la poule et de l’œuf.
Reste que certains acteurs, comme les comparateurs de prix, sont remontés. Depuis la mise à jour avec l'algorithme Panda, c'est l'hécatombe. En quelques mois, «Google Product» est passé numéro un, doublant notamment Ciao (qui appartient à Bing). Les voyagistes, comme Expédia, sont inquiets, surtout depuis le rachat par Google d'ITA Sofware pour 700 millions de dollars (ce qui permettra à Google de proposer une solution de réservation maison). Ironie de l'affaire, l'achat a déjà été approuvé par les autorités, malgré un examen approfondi de la situation concurrentielle.