Moteur de recherche: Bing a-t-il copié Google?
WEB•Google a mis en place un coup monté pour le prouver...Philippe Berry
De notre correspondant à Los Angeles
En CM2, quand on soupçonne son voisin de copier pendant une épreuve d'opérations à trous, il existe une méthode infaillible: écrire volontairement de mauvais résultats et les changer à l'ultime seconde. C'est en somme ce qu'a fait Google au cours des dernières semaines. Preuve à l'appui, l'entreprise a dénoncé Microsoft le vilain copieur à la maîtresse Danny Sullivan, figure d'autorité de Search Engine Land. La réponse de Microsoft, sur son blog? C'est celui qui dit qui y est.
Google avait l'impression, explique Sullivan, que certains résultats de Bing étaient fort similaires aux siens, surtout pour les requêtes peu communes de la «long tail». Aussi l'entreprise a modifié son sacro-saint algorithme PageRank pour qu'il affiche des résultats pour certaines requêtes que personne n'a jamais tapées comme «mbzrxpgjys» (photo). Même recherche sur Bing, même résultat. CQFD.
Google, source d'amélioration parmi d'autres
Google précise que tout ses tests n'étaient pas concluants –entre 7 et 9 sur 100 uniquement. En fait, les utilisateurs parfois concernés sont ceux qui ont installé la barre d'outil Bing, ou ceux qui ont activé la suggestion de sites sur Internet Explorer. Le long accord de licence –que personne ne lit– explique que l'utilisateur transmet alors à Microsoft de nombreuses informations de surf sur les sites qu'il visite, ou, donc, les recherches effectuées ailleurs.
Microsoft se défend et explique utiliser «plus de 1.000 signaux et sources» dans ses algorithmes de classement. «Un petit nombre provient des données transmisses de manière anonyme par des utilisateurs qui souscrivent» à certains services.
Timing en question
Google est passé à l'offensive le jour-même où Microsoft organisait un forum «Farsight, au-delà de la search-box». Alors que de plus en plus d'experts critiquent la baisse de qualité des résultats Google et que Bing grignote des parts de marché –notamment en plaçant son produit dans toutes les séries télé pour ado– il ne s'agit évidemment pas d'un hasard de calendrier.
Sur scène, Microsoft a expliqué que Google faisait pareil et collecte des données via sa Googlebar et l'«omnibox» de Chrome, et améliore la pertinence de ses résultats, notamment via les réseaux sociaux. Ce qui est vrai. Mais Google le jure: «Nous n'avons jamais copié les résultats de Bing.»
Dans cette querelle de bac à sable, une seule vérité: Bing et Google ont la plupart du temps des résultats différents et chacun a ses points forts et ses points faibles. Et tant qu'il y a du choix, c'est le consommateur qui y gagne.