INTERVIEW«Le Web booste nos liens sociaux»

«Le Web booste nos liens sociaux»

INTERVIEWBing s'associe à Facebook pour orienter la recherche des Internautes en fonction de leurs amis. L'occasion pour 20minutes.fr d’interroger Antonio Casilli, auteur des «Liaisons Numériques» sur la façon dont le Web agit sur le lien social...
Propos recueillis par Charlotte Pudlowski

Propos recueillis par Charlotte Pudlowski

Microsoft a décidé d’incorporer, dans son moteur de recherche Bing, les goûts de vos amis Facebook, afin d’aiguillier vos choix en fonction des opinions de vos contacts. Selon la société américaine, il s’agit de
personnaliser les recherches pour proposer des résultats plus conformes aux attentes des internautes. Mais au-delà de cela, cette «socialisation» de la recherche vous rapproche de votre entourage virtuel et vous écarte des recherches hasardeuses qui pouvaient vous plonger dans l’inconnu total.

En début d'année, Google s'est essayée à la recherche sociale, notamment en publiant les tweets en temps réel. Aujourd'hui, Bing va plus loin et introduit un lien avec Facebook pour orienter nos choix dans des recherches web infinies. Est-ce-que cette nouvelle fonctionnalité peut changer la façon d'appréhender nos relations sociales?
On peut ainsi connaître de mieux en mieux les personnes de notre cercle, et créer un environnement de données qui entourent nos rencontres. Le Web reproduit les communautés hors ligne dans une certaine mesure.

Le Web resserre donc en partie le tissu social?
Il est capable de créer des passerelles entre les différents milieux sociaux. Notamment, grâce à une propriété des réseaux sociaux qui est la «transitivité»: si je suis ami avec quelqu’un qui est ami avec quelqu’un, je deviens ami avec ce troisième individu. Grâce à Internet, on booste notre transitivité et on resserre notre cercle de connaissance.

En s’alliant avec Facebook, Bing ne peut donc pas nous replonger dans nos communautés d’amis en nous coupant des hasards du Web qui nous mènent vers l’inconnu total?
Si Bing resserre la dynamique sociale d’une certaine manière, il restera toujours un élément de surprise, liée à l'immensité du Web. C’est impossible de le perdre. La transitivité, l’effet de «petit monde», ne veut pas dire que l’on va vivre dans des petites boites. Bing ne va pas nous enfermer. Il va simplement mieux préserver nos petites boites en s’associant à Facebook, préserver la cohésion sociale de la vraie vie, et préserver la surprise.

Est-ce que les communautés IRL (in real life – dans la vraie vie) ressemblent aux communautés virtuelles?
Ca dépend des services. Facebook fonctionne sur une métaphore de l’amitié. Cette métaphore a un très grand impact sur le comportement des gens. Les usagers vont se comporter comme si c’étaient de vrais amis, et se mettre en communication plutôt avec les personnes qu’ils considèrent comme des amis. Donc Facebook ressemble aux cercles IRL.