Des TikTokeurs s’enferment « Dans le Manoir » pour transmettre leurs savoirs
VULGARISATION•Créateurs de contenus pédagogiques, plusieurs TikTokeurs se sont prêtés au jeu de la websérie « Dans le Manoir » pour diffuser des connaissances, tout en s’amusantBéatrice Colin
L'essentiel
- Depuis deux semaines, une websérie propose de découvrir le quotidien de sept copains en vacances.
- Ces acteurs, par ailleurs professeurs dans le civil, sont tous des TikTokeurs, créateurs de contenus pédagogiques, qui au fil des épisodes, distillent leurs connaissances sur l’histoire, les maths ou la physique.
- Un nouveau concept mêlant fiction et vulgarisation qui permet de se cultiver tout en regardant une fiction.
Les adeptes de TikTok les connaissent sous leurs pseudos : WonderWomath, Mr Rêveur, TimThc, Athéna Sol, Monsieurlechat94, Misteraenglish et YannToutCourt. A eux sept, ils comptabilisent plusieurs millions d’abonnés et leurs vidéos sont très suivies, et commentées. Sur un réseau social, où il est d’usage de swiper d’un « reel » à un autre, ils arrivent à capter l’attention des jeunes et moins jeunes en leur parlant d’histoire, de français, de maths, de dessins ou encore de physique chimie.
Des thèmes plutôt ardus qu’ils arrivent à vulgariser sans lasser. Créateurs de contenus pédagogiques à leurs heures perdues, dans le civil ils sont tous enseignants. Et sont tous copains dans la vie. C’est loin de leurs salles de classe qu’ils ont répondu présents à l’appel de l’agence String Theory, spécialisée dans la création et la diffusion de vidéos scientifiques et pédagogiques lorsqu’elle les a sollicités pour participer à une fiction baptisée Dans le Manoir. En leur laissant les clés du scénario, où chacun peut évoquer le sujet de son choix, tout en l’incluant dans une histoire mystérieuse, dans une propriété hantée où les portes claquent, menée tambour battant comme un escape game.
« On nous a proposé une websérie qui mêlerait fiction et vulgarisation. Il fallait que le partage de connaissances ne soit pas une parenthèse mais dans le récit narratif. Au fil des épisodes, plusieurs disciplines sont convoquées. L’intérêt pour nous était de vivre une nouvelle expérience, d’imaginer et expérimenter un format inédit, plus long », raconte Yann Bouvier, professeur dans la vie dans un lycée de l’agglomération toulousaine.
Distiller leur savoir tout au long de l’histoire
Ils ont profité des vacances scolaires de cet été pour tourner. Et mettre à l’épreuve leurs talents de comédien. Dans chaque épisode, ils doivent tous donner un peu de leur savoir, histoire de briser la malédiction du lieu. Et ils en ont à revendre. Yann, lui, a choisi de jouer la carte de « la Terreur ». Pas question de faire peur. Mais, plutôt l’ambition d’expliquer le fonctionnement du Tribunal révolutionnaire qui condamna à mort pas moins de 2.639 personnes entre 1793 et 1795. En écoutant son explication, maquette de Playmobil à l’appui, on comprend vite qu’on a beaucoup d’a priori. « J’avais envie de vulgariser, d’éveiller l’esprit critique en déconstruisant un certain nombre d’idées reçues sans être ennuyant. Expliquer que si on passe par ce tribunal, on ne finit pas forcément sur l’échafaud », explique celui qui avait innové sur Twitter en racontant durant quatre ans le destin tragique d’un soldat de la Grande Guerre.
Et parce que le savoir ne peut se condenser en quelques minutes, la chaîne YouTube donne en complément des infos ou encore des sources pour ceux qui se prendraient au jeu d’aller plus loin sur cette période de l’Histoire de France. Dans l’épisode 3, Tim lui joue aux apprentis sorciers. Ou plutôt se sert de l’encre sympathique pour révéler les secrets du visible et de l’invisible, de l’ultraviolet et des ondes électromagnétiques. Et dans le dernier en date, on peaufine notre savoir en anglais sur l’Irlande, grâce à Misteraenglish. A n’en pas douter, dans les épisodes (neuf au total) encore à dévoiler, l’humour se mêlera à la science et aux connaissances.