REPORTAGEBuild 2017: Bon, et sinon, il est passé où Bill Gates?

Microsoft Build 2017: Bon, et sinon, il est passé où Bill Gates?

REPORTAGEOn a cherché le créateur de Windows pendant deux jours à la conférence annuelle de Microsoft à Seattle…
Laure Beaudonnet

Laure Beaudonnet

De notre envoyée spéciale à Seattle,

Au risque de passer pour une groupie, avouons-le d’emblée : on n’est pas allé à la conférence Build de Microsoft à Seattle uniquement pour voir Bill Gates… mais presque. On est donc parti sur les traces de l’homme le plus riche du monde qui a marqué Seattle où il est né, où il a rencontré son épouse Melinda, où Microsoft s’est implanté et où sa fondation a été créée. Bien vite pourtant, il a fallu se rendre à l’évidence : on n’avait aucune chance de croiser le bonhomme à Seattle, plus occupé à sauver le monde qu’à serrer des pinces à l’un des rendez-vous phares de la communauté geek.

« Un homme très occupé »

« Mais où est Bill Gates ? » On reçoit plus de regards gênés et de sourires agacés que de vraies réponses à cette question pourtant cruciale. Car, si le fondateur de génie de Microsoft n’est plus le patron depuis un bail (2008), il reste conseiller technologique. « Bill a tellement d’autres activités dans la ville, précise-t-on chez Microsoft. Il n’a plus ce rôle de figure publique même s’il intervient sur des produits ». OK, il n’est plus dans l’opérationnel, mais il continue de travailler avec Satya Nadella, le CEO de la firme de Redmond depuis 2014, accordant environ un tiers de son temps à des affaires qui lui sont liées, selon une estimation de Tim O’Brien, General manager platform strategy : « C’est un homme très occupé ». En clair, il a mieux à faire et son absence entretient comme un mythe car l’engagement humanitaire du philanthrope multimilliardaire en fait rêver plus d’un.

Satya Nadella à la conférence Build, le 10 mai 2017
Satya Nadella à la conférence Build, le 10 mai 2017 - L. BEAUDONNET / 20 MINUTES

« Il a déshérité ses enfants pour laisser la majorité de sa fortune à des œuvres de charité », surenchérit-on du côté de la filiale française, une pointe d’émerveillement dans la voix. Trois jours à suivre la conférence Build à Seattle, c’est aussi l’occasion d’aller traîner du côté de la fondation Bill et Melinda Gates qui cherche des solutions concrètes aux grands problèmes des pays pauvres : toilettes sèches, eau potable, maladies infectieuses… Là encore - spoiler alert - le créateur de Windows n’était pas physiquement présent, mais son esprit, oui. N’est-ce finalement pas de côté là qu’il faut regarder pour trouver Bill Gates à la keynote ? Une âme humaniste qui se traduit aussi bien dans les ambitions que dans la manière de travailler.

Un humaniste en cache un autre

Patron depuis trois ans, Satya Nadella a pour ambition de « réenchanter Microsoft » en apportant de la clarté et en retrouvant l’âme de la firme. « Pour comprendre le rôle qu’on a dans le monde, nous devons comprendre comment le monde serait si on n’avait jamais existé », souligne Tim O’Brien pour traduire cette philosophie. La démocratisation de l’informatique, le but de Microsoft à ses origines, a déjà eu lieu, il fallait en trouver un autre. « Satya Nadella a apporté de la clarté à la nouvelle mission : donner le pouvoir à tous de créer des choses intéressantes », conclut Tim O’Brien.

Si on ne change pas la culture, le renouveau ne peut pas se produire, selon le big boss un peu poète sur les bords. Et la méthode de Satya Nadella tranche, même en interne. Il a imposé son style, troquant la compétition contre l’entraide avec un nouveau système d’évaluation qui repose sur de nouveaux critères de récompense. Chez Microsoft, un humaniste en cache un autre et une nouvelle star est née, il n’y a qu’à voir les applaudissements à son arrivée sur la scène de la keynote. Du coup, tant pis pour Bill, on a vu Satya.