Droit à l’oubli: Google fait machine arrière concernant certains liens supprimés
WEB•Le géant américain a commencé à prévenir les médias que certains de leurs articles avaient été retirés des résultats de recherche. La BBC et «The Guardian» dénoncent une attaque contre la liberté de la presse…A.G.
Les médias britanniques ont découvert avec stupeur cette semaine que plusieurs articles publiés sur leur site Internet avaient disparu de Google. Une conséquence directe de la mise en ligne du formulaire pour le «droit à l’oubli», qui permet aux internautes de demander à la firme le retrait de liens de ses résultats de recherche. Ainsi, The Guardian et la BBC ont été avertis par e-mail que certains articles n’apparaissaient plus sur le moteur de recherche en Europe. Décision légitime ou censure? La presse britannique gronde et dénonce une attaque contre la liberté de la presse.
Google s’est vu contraint de faire marche arrière jeudi, selon Reuters. Le géant américain a rétabli les liens vers certains articles du Guardian, soulignant la difficulté d’appliquer le «droit à l’oubli» numérique. Le papier sur l’arbitre écossais Dougie McDonald, qui avait reconnu avoir menti pour justifier un penalty, est ainsi de nouveau accessible depuis le moteur de recherche. En revanche, Google n’a pas rétabli le lien vers le post de blog publié en 2007 par un journaliste de la BBC sur le départ de Stanley O’Neil, ancien PDG de Merrill Lynch en pleine crise des subprimes.
70.000 demandes de suppression
Le géant américain a mis en ligne le 30 mai un formulaire accessible aux Européens pour demander la suppression de résultats de recherche, se conformant ainsi à la décision de la justice européenne, qui avait estimé que les particuliers avaient le droit de faire supprimer les liens vers des pages comportant des informations personnelles périmées ou inexactes.
Après un pic le premier jour, au cours duquel Google avait reçu plus de 12.000 demandes, le nombre de requêtes «s’est maintenant stabilisé à approximativement 1.000 en moyenne par jour à travers l’Europe» et a «dépassé les 70.000 demandes au total entre le 29 mai et le 30 juin 2014», selon le moteur de recherche.
Google est perdu
Les défenseurs de la vie privée estiment que la polémique autour de cette «censure» de la presse met en lumière les dangers potentiels de cette nouvelle disposition. Par ailleurs, Google reste discret sur le profil de ceux qui seront chargés de décider si un lien est réellement inapproprié ou non.
Le géant américain, qui contrôle plus de 90 % des recherches en ligne des Européens, s’est justifié auprès de Reuters: «Cette procédure est nouvelle pour nous. Nous allons continuer à prendre en compte les remarques et nous allons travailler avec les autorités de protection des données.»
>> Dix questions que vous vous posez sur le droit à l’oubli sur Google