La Réunion: une île aux paysages dantesques, taillés pour la randonnée
OUTRE-MER•Destination sportive par excellence, l’île de La Réunion réserve ses reliefs tourmentés aux amateurs de vacances activesJean-Claude Urbain pour 20 Minutes
La Réunion a un tempérament de feu. Surgie avec fracas de l’océan Indien il y a trois millions d’années, cette île volcanique n’est pas du genre à se laisser bercer par le souffle chaud des alizés. Les flancs abrupts et luxuriants qu’elle dresse sous le tropique du Capricorne sont plus propices aux activités sportives qu’aux paresses lascives. De ses origines tumultueuses, ce département d’outre-mer conserve des pitons dépassant les 3.000 mètres d’altitude, des caldeiras aux remparts verticaux et des cratères capricieux, qui expriment régulièrement leur puissance tellurique.
Pour protéger cet univers singulier, peuplé de nombreuses espèces endémiques, un parc national a été créé sur 42% du territoire réunionnais. Et pour le découvrir, plus de 1.000 kilomètres de chemins pédestres y ont été aménagés. De la balade de quelques heures à la traversée de plusieurs jours, il y en a pour tous les goûts. L’île compte notamment trois sentiers de grande randonnée, dont le R1, élu GR préféré des Français en 2019.
D’un cirque à l’autre
Dans les « Hauts » de la Réunion, trois grands cirques naturels constituent pour les marcheurs un terrain de jeu inépuisable. Depuis les « Bas », on y accède en remontant des gorges verdoyantes où résonne le tumulte des torrents. Traversés par le fameux GR R1, ils sont tous habités, ceinturés de parois vertigineuses et tailladés de ravines profondes. Salazie, le plus arrosé des trois, est le domaine privilégié des cascades et des forêts tropicales. Cilaos, le plus méridional, forme une immense cuvette où se love une délicieuse bourgade thermale à l’ombre des plus hauts sommets de l’île : le piton des Neiges et le Gros Morne. Mafate, enfin, est le plus enclavé. Le plus sauvage aussi.
Le ravitaillement par hélicoptère, les panneaux solaires et le réseau téléphonique sont ici les seules concessions à la modernité. Privé de tout accès routier, ce cirque d’environ 100 kilomètres carrés ne se découvre qu’à la force des mollets. Quelque 150 kilomètres de sentiers relient un ensemble de plateaux appelés îlets, qui récompensent les braves par des panoramas à couper le souffle.
Un paysage en mouvement
Sur la partie sud de la Réunion, la menace permanente du volcan impose le respect. C’est généralement dans la vaste pente du Grand Brûlé que se déversent, depuis des centaines d’années, les coulées de lave issues d’un des systèmes volcaniques les plus actifs de la planète. Le piton de la Fournaise crache son magma approximativement tous les dix-huit mois. Ces éruptions successives ont dessiné un relief dantesque, mais facilement accessible.
Vestige de l’ancienne caldeira du volcan, la plaine des Sables projette les visiteurs sur une autre planète. Cette vaste étendue lunaire est l’antichambre de la bête. L’approche de son « Enclos » peut se poursuivre en voiture jusqu’au pas de Bellecombe. Au-delà, ce n’est qu’à pied que l’on sent battre les pulsations de l’île. Dans la caldeira actuelle, le sentier balisé, qui se hisse vers le cône du piton Dolomieu, avait été coupé par l’éruption de 2018. Sa réouverture récente permet aux randonneurs d’évoluer dans un chaos multicolore de rivières figées. Mais attention, le cœur volcan est toujours ardent. En contrebas, dans le Grand Brûlé, la coulée d’octobre 2019 crépite encore sous la pluie…