Noël. Au pied du sapin, le voyage n’est pas à la fête
C'est cadeau•Les Français rêvent de recevoir de l'évasion au moment des fêtes, mais souvent le budget ne le permet pasAntoine Magallon
L'essentiel
- Selon un sondage, pour 61 % d’entre nous, « se faire offrir un voyage à Noël serait le cadeau rêvé par excellence ».
- Pourtant, nous serions seulement 20 % à en glisser un sous le sapin.
- Unions, anniversaires, départs à la retraite seraient des moments plus adaptés à ce type de présent.
«Moi, j’étais déjà content d’avoir une clémentine. » L’époque de papy-mamie est bien révolue puisque chaque Français devrait dépenser en moyenne 355 € pour gâter ses proches à Noël, d’après une étude CSA Research. De quoi faire rêver au moment d’ouvrir les paquets, mais pas voyager. Selon un sondage publié le 19 novembre par TripAdvisor, pour 61 % d’entre nous, « se faire offrir un voyage à Noël serait le cadeau rêvé par excellence », pourtant « seuls deux Français sur dix » auraient prévu de glisser une escapade au pied du sapin.
Un chiffre largement surévalué, d’après Samy Bailly : « Je pense que cette étude inclut les acheteurs de coffrets cadeaux. Si autant de monde achetait réellement un voyage à Noël, je crois que nous serions au courant », s’amuse le directeur du développement des destinations d’Evaneos.fr. Sur l’agence en ligne, les cadeaux ne concerneraient « qu’un pourcent » des achats.
Les coffrets en fête à Noël
Chez les vendeurs de coffrets, les fêtes portent bien leur nom. « C’est une énorme période puisque nous réalisons quasiment 40 % du chiffre d’affaires annuel à ce moment-là. Cinquante pourcent avec novembre », explique Pénélope Simonnot, directrice générale adjointe chez Wonderbox.
Pour 110 € en moyenne le séjour d’une à deux nuits, sans le transport, « les acheteurs veulent offrir un bon moment et être certains de ne pas se tromper. Le destinataire a trois ans, ensuite, pour en profiter. C’est rassurant, car offrir un voyage packagé, à des dates fixes, demeure compliqué. » Un côté balisé qui a cependant ses défauts, selon Samy Bailly. « En moyenne, nos clients échangent une trentaine de jours avec notre agent sur place. Le voyage commence avant le départ et nous savons que ce temps de préparation est très apprécié. » Offrir, c’est donc priver le destinataire d’une partie du plaisir.
Surtout, la fête de Noël ne serait pas adaptée pour ce type de présent, avance Saskia Cousin, anthropologue et spécialiste des questions touristiques : « Noël, c’est d’abord des échanges matériels. Le principe, c’est que chacun se fait des cadeaux personnels et à peu près de la même valeur. Il est difficile d’imaginer qu’une famille fasse de même avec des séjours. » Pour une majorité, « le voyage reste un cadeau qui s’offre dans des conditions exceptionnelles : mariage, anniversaires importants, retraite… Et est souvent le fruit d’une cotisation à plusieurs pour célébrer un passage-clé de la vie. Même une société sécularisée et matérialiste comme la nôtre a besoin de rituels pour aider collectivement celui qui est dans l’entre-deux à passer de l’autre côté. » Bref, pour découvrir le monde, mieux vaut attendre le passage aux 30 ans que celui du père Noël.