Le road trip en voiture s’offre une nouvelle peau écolo
TENDANCE•Le voyage en voiture pourrait revenir en grâce, paré de nouveaux atours plus écologiquesCamille Poher
L'essentiel
- Malgré l’émergence du « flygskam », la honte de prendre l’avion, et les préoccupations écologiques, le voyage en voiture pourrait revenir à la mode.
- Le road trip s’inscrit dans la tendance « slow ». Il permet de voyager lentement et de visiter des lieux inaccessibles autrement.
- Les concessionnaires de voitures électriques et hybrides espèrent tirer leur épingle du jeu.
La Route 66 au volant d’une Ford Mustang première génération vous a toujours fait fantasmer ? Votre rêve de road trip véhiculé n’est peut-être pas si désuet. Il semblerait même que le voyage en voiture tente de regagner ses lettres de noblesse. En témoigne la sortie en janvier 2020 de Roadness Magazine, le premier magazine dédié à l’art de voyager sur le bitume et autres surfaces.
Un pari éditorial puisque l’actualité semble peu propice à un retour des véhicules à moteur au premier rang des kiosques. Dans un contexte d’urgence climatique, c’est plutôt le mouvement du «flygskam » qui fait la Une. Venu directement de Suède et porté par la voix de la jeune militante Greta Thunberg, ce dernier signifie littéralement “la honte de prendre l’avion”. Voler, le moyen le plus simple et rapide de changer de décor, a donc de moins en moins le vent en poupe.
«Prendre le temps»
Comment imaginer alors que la voiture, véhicule jugé à la fois dispendieux et polluant pour beaucoup, puisse pointer à nouveau le bout de son capot ? Pour Nicolas Gardon, auteur du récent ouvrage Les Plus Beaux Endroits pour rouler (Gründ), c’est l’idée de temps qui est essentielle. « Rouler, durant un road trip, c’est prendre le temps et c’est aussi s’arrêter pour découvrir des spots », confie l’auteur. Pour cet amateur d’excursions en solo ou à plusieurs, le but du voyage n’est « clairement pas de multiplier les dépenses de gazole », mais plutôt « les points d’intérêt et les sites historiques souvent inaccessibles autrement ».
Pour Michael Trajan Lopes, fondateur et rédacteur en chef de Roadness Magazine, l’enjeu est donc de « questionner la place des véhicules dans notre société, tout en partageant une envie d’itinérance ». Le road trip s’inscrit dans une conception du voyage au long cours et non plus d’un usage quotidien du véhicule. « La voiture reprend tout son sens au moment où on la sort de la ville. Elle a de moins en moins sa place en métropole. »
L'hybride en attendant l'électrique
Que ce soit Nicolas Gardon ou Michael Trajan Lopes, tous deux confirment l’existence d’une réelle communauté de road-trippeurs en France, ainsi qu’une hausse de la demande de contenus sur cette thématique. Le défi revient donc à combiner écologie et engins à moteur dans une logique plus romantique. Un challenge que l’hybride et l’électrique semblent pouvoir relever. « La voiture électrique est le pari de demain, les concessionnaires s’unissent petit à petit en ce sens, car ils ont conscience de l’enjeu », nous confie Michael Trajan Lopes.
Et ils ne sont pas les seuls. En 2015, Magali, auteure du blog Merrygraph, a ainsi relevé le défi de traverser l’Ouest américain au volant d’une voiture hybride. « Le road trip, c’est typiquement américain. D’ailleurs, aux Etats-Unis, il est très compliqué de voyager autrement », nous confie la jeune femme. Déjà concernés par l’écologie à cette époque, la blogueuse et son compagnon ont cherché à trouver une alternative à la bonne vieille Cadillac Eldorado. L’hybride – qui fonctionne avec un moteur thermique et une batterie électrique qui se recharge d’elle-même – s’est donc imposé comme un bon compromis. « Moins coûteuse et moins bruyante », la Toyota Prius C de cette blogueuse s’est révélée très agréable et n’a en rien entaché son rêve américain. Le remake de Thelma et Louise en hybride, une histoire qui roule.