PchitQuand le tourisme de randonnée se la coule mousse

Tourisme: Amateurs de bière et de randonnée réunis pour les vacances

PchitCes dernières années, les microbrasseries ont fleuri un peu partout en France et autour d’elles se développe un nouveau type de tourisme autour de la bière
Antoine Magallon

Antoine Magallon

L'essentiel

  • Jusqu’au 19 mai se tient la troisième édition du Mondial de la bière au parc floral à Paris.
  • Depuis plusieurs années, les microbrasseries fleurissent un peu partout en France, y compris dans des régions sans tradition brassicole.
  • Dans les pas de l’œnotourisme, il est désormais possible de se lancer dans des randonnées autour de la bière.

Ils arrivent des fûts pleins leurs valises. Pendant trois jours les meilleurs brasseurs de France et du plat pays débarquent à Paris, à l’occasion du Mondial de la bière (jusqu'au 19 mai au parc floral), pour remplir les pintes des visiteurs assoiffés*. Ah, vous n’avez pas de billet ? Pas de panique. Selon le biérologue Hervé Marziou, « 1.740 lieux de brassage professionnel » se répartissent aujourd’hui sur l’Hexagone, depuis le Nord et l’Alsace, jusqu’à « des régions qui n’avaient aucune tradition brassicole ». Impossible de traverser une vallée ou un patelin sans tomber sur une brasserie (on exagère à peine).

Signe des temps, la maison d’édition Helvetiq exploite, depuis mars 2019, ce filon via les Randos Bière, en France, Belgique et Suisse… Le titre résume à lui seul le concept du livre : un itinéraire de randonnée, achevée par une p’tite mousse. « L’idée, c’est qu’après l’effort, vient le réconfort », explique Fabienne Luisier, auteur avec son mari Benoît, de la version française de ce guide particulier.

Visiter le pays autrement

De mars à août 2018, le couple a traversé le pays afin de « tester toutes les bières et de rencontrer le plus de brasseurs possible ». 70 balades ont ensuite été sélectionnées. « Il fallait allier un bon produit avec une belle randonnée, sachant que ces dernières devaient être réparties sur tout le territoire », ajoute Fabienne Luisier. Pauline Moulin, la plume derrière la version belge abonde : « Il y avait des abbayes ou des brasseries dont je voulais absolument parler, donc j’ai cherché des randonnées à faire autour, mais parfois c’était l’inverse. » Dans le genre, la Brasserie à vapeur, basée à Pipaix [Leuze-en-Hainaut] dans la province de Hainaut, et dont le breuvage est obtenu à l’aide d’une machine… à vapeur, vaut le détour. « Je voulais aussi écrire sur l’abbaye Notre-Dame d’Orval. Elle est connue, mais brasse la bière de table des moines, l’Orval vert, qui n’est pas commercialisée, sauf au café d’en face. »

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Marcher pour aller lever le coude, une proposition de voyage impensable il y a encore quelques années. Longtemps considérée comme une boisson fade et industrielle, la bière s’est transformée sous le poids des microbrasseries explique Hervé Marziou : « C’est un mouvement né aux Etats-Unis, avec le courant do it yourself, à la fin des années 1960, début 1970, mais qui a mis du temps à arriver en France. » L’idée de ces pionniers du houblon était alors simple : créer des boissons différentes de celles des rayons des supermarchés. « Ils sont allés chercher des recettes, comme l’India Pale Ale (IPA), qui étaient tombées en désuétude. »

Imaginez. Alors qu’il ne restait, en 1976, que 23 sites en activité sur l’ensemble de notre territoire, l’arrivée de ces nouveaux lieux de production artisanale pourrait maintenant devenir, pour certaines régions traditionnellement peu touristiques, un moyen d’attirer des vacanciers.

Agence de tourisme brassicole

C’est en tout cas l’avis de l’unique agence de tourisme brassicole française (il en existe 88 aux Etats-Unis et cinq en Belgique), L’Echappée Bière, qui publiait en 2017 Le Livre blanc du tourisme brassicole. Une synthèse des réflexions menées pour développer ce cousin houblonné de l’œnotourisme. « Nous visitons des vignobles et des caves, mais il n’y a pas d’équivalent avec les brasseries, ce qui est étonnant car nous, dans le Nord, nous avons une belle tradition brassicole. La mise en valeur de ce patrimoine serait un vrai argument auprès des voyageurs anglais, des allemands ou des américains. La bière c’est très fédérateur », explique Aurélie Baguet, associée et cogérante de l’agence.

Dégustation de bière.
Dégustation de bière. - Robin Spingler

Encore balbutiante, la filaire se structure peu à peu. Aurélie Baguet prépare « une plateforme de réservation de visite de brasseries » dans les Hauts-de-France « pour l’automne prochain ». En Alsace, le syndicat des brasseurs « a repris l’année dernière » via le site augredesbieres.com, « une idée qui date d’au moins vingt ans : créer une route de la bière », ajoute Hervé Marziou. Le biérologue en est convaincu, sa boisson fétiche sera d’ici peu un atout économique, reprenant une idée défendue par Francesco Frangialli, secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme de 1997 à 2008 : « A l’avenir, le tourisme sera de plus en plus lié à la découverte des richesses et traditions gastronomiques d’une ville ou d’une région. » Alors, cet été, on se retrouve tous dans les Ardennes ?

* A consommer avec modération