Pascal is the limitL’île de Pâques, mieux vaut se contenter de la carte postale

Tourisme. L’île de Pâques, c’est beau, mais c’est loin et fragile, alors mieux vaut se contenter de la carte postale

Pascal is the limitCélèbre pour ses statues géantes, le minuscule rocher perdu au milieu de l’océan Pacifique a une capacité d’accueil très restreinte
Antoine Magallon

Antoine Magallon

L'essentiel

  • L’île de Pâques, ses célèbres statues, les moaï, et le halo de mystère qui les entoure, exercent un fort pouvoir d’attraction.
  • Ce confetti isolé au milieu de l’océan Pacifique est difficile d’accès.
  • Avec moins de 7.000 résidents à l’année, les 161 km2 de l’île de Pâques ont une capacité d’accueil des touristes très restreinte.
  • Le gouvernement chilien cherche d’ailleurs à limiter l’accès au tourisme sur le caillou.

Quand certains occupent leur dimanche en famille à chercher des œufs en chocolat, d’autres découvrent une île au milieu du Pacifique. Il y a 297 ans, le jour de Pâques 1722, un équipage européen passait au large d’un bout de terre orné de statues gigantesques, perdu à 3760 bornes des côtes chiliennes et 4.250 de ce qui sera plus tard la capitale de la Polynésie française, Papeete. Inspirés par le calendrier, ils nommèrent ce rocher l’île de Pâques.

Un lieu qui, comme tous les sites archéologiques majeurs, « déclenche l’enthousiasme et débride l’imagination », explique Nicolas Cauwe, archéologue et conservateur aux Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles. Depuis « L’énigme de l’île de Pâques » jusqu’au très anxiogène « Le MysTèRe de l’Ile de PâQues EnfiN Percé. Il Est TeRRifiant Pour L’hUmAnité », on ne compte plus les articles fumeux et autres vidéos YouTube sur ces 161 km2. « Que n’a-t-on raconté sur les pyramides d’Egypte, les lignes de Nazca ou le Machu Picchu ? Les scientifiques peuvent dire ce qu’ils veulent, ce sont des lieux qui attirent les gens imaginatifs et tous ceux qui veulent voir du mystère. »

Y penser oui, y aller non

Sauf que venir percer les secrets des moaï, ces statues monumentales réparties aux quatre coins de l’île, ça se mérite. « Il s’agit d’une des plus grandes aventures de l’histoire. L’endroit le plus éloigné de toute terre que les hommes aient conquis, après la Lune », précise l’archéologue Michel Orliac. « L’aéroport Mataveri est le plus isolé du monde. Seule la compagnie aérienne Latam offre une ligne Hanga Roa-Santiago du Chili », nous explique l’agence de voyages Lastminute.com. Déjà que Paris – Santiago du Chili est un plaisir aérien de 14 h 35 (ce qui en fait le plus long vol commercial direct depuis la France), ajoutez une escale et quatre heures de vol pour arriver à destination. Outch. Sans compter le coût du trajet : 1.500 € euros minimum aller-retour selon nos interlocuteurs.



Surtout, le gouvernement chilien cherche à limiter le tourisme sur place, estimant que 116.000 visiteurs par an, pour une île qui compte entre 6000 et 7000 âmes, ça faisait beaucoup. « Deux avions font chaque jour la liaison ajoute Nicolas Cauwe, qui revenait justement de Pâques au moment de notre interview. C’est largement assez et ils ne sauraient pas faire mieux, il n’y a qu’une seule piste. » Sans oublier que « l’unique déchèterie de l’île est adaptée aux besoins de la population, mais ne peut pas gérer les déchets provoqués par le tourisme. Une partie des ordures est même emportée ailleurs pour être traitée », explique Caro Degryse, directrice long-courrier d’agence de voyages Tui France.

Mystère, mystère…

Quand bien même un voyageur, à force d’opiniâtreté, débarquerait sur l’île, il n’est pas certain que Pâques tienne ses promesses. Enfin, tout dépend lesquelles. Si l’amateur d’histoire et de vielles pierres sera comblé, le spécialiste des théories du complot extraterrestres risque une sacrée déception. « Comment expliquer le transport de ces grosses statues (dont certaines peuvent mesurer 10 mètres de haut), alors qu’il n’y a pas un bout de bois à l’horizon ? Comment comprendre qu’une bonne moitié de celles-ci est restée dans la carrière d’où elle fut extraite ? Mystère, mystère… », interroge l’archéologue Michel Orliac avec ironie. « Ce sont des faux problèmes. Nos ancêtres transportaient déjà des gros cailloux en Bretagne il y a 7.000 ans. Si des moaï sont restés dans la carrière, c’est que c’était leur place. »



Un constat que partage son confrère Nicolas Cauwe : « L’étude du passé n’est jamais terminée, mais nous n’avons pas de mystère devant nous. Nous avons des interrogations. Pourquoi ont-ils fait ça ? Quels étaient leurs besoins ? Nous n’aurons jamais toutes les réponses. Je peux vous expliquer mon raisonnement et sur quoi s’appuient mes déductions, mais pour une partie du public c’est ennuyeux. Par contre, si je dis que le transport et la fabrication de ces statues tiennent du prodige, de la merveille, j’attire l’attention. »

A l’instar du triangle de Bermudes, de Stonehenge ou de la Zone 51, l’île de Pâques sera toujours un objet de rêverie, bien que difficilement accessible. A défaut, sachez qu’une réplique grandeur nature d’un moaï (qui est en réalité un mur d’escalade), se dresse au bord du lac de Chambray-lès-Tours (Indre-et-Loire). C’est pas top, mais c’est mieux que rien.

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