VOS QUESTIONSProstitution: Vous avez interviewé Morgane Merteuil et Sophie Péchaud sur le projet de loi de pénalisation des clients

Prostitution: Vous avez interviewé Morgane Merteuil et Sophie Péchaud sur le projet de loi de pénalisation des clients

VOS QUESTIONSLes deux militantes aux positions diamétralement opposées, ont répondu à vos questions...
Christine Laemmel

Christine Laemmel

[Le chat est terminé]
style="color: rgb(0, 0, 128);">Sophie Péchaud: Le projet de loi est une base de discussion et une avancée capitale pour les femmes prostituées. Il propose des mesures phares pour la réinsertion de celles-ci, comme des titres de séjour dès lors qu’elles souhaitent s’inscrire dans un parcours de sortie de la prostitution. Et ceci, sans qu’elles soient obligées de porter plainte contre les violeurs. Ce sont des avancées fondamentales. L’Avft se montrera particulièrement vigilante à ce que la question de la pénalisation des clients soit abordée à sa juste mesure pénale.

Nous sommes dans une période charnière où la France à la possibilité d’adopter une loi progressiste et d’une importance capitale pour les droits des femmes. Tant qu’il sera toujours permis d’acheter une femme pour lui imposer un acte sexuel, tant que les hommes disposeront toujours du droit de violer les femmes, nous ne pourrons pas parler sérieusement, ni de liberté, ni d’égalité.

le="color: rgb(0, 0, 128);">Morgane Meurteuil: Je conclurai en insistant sur le fait que la question n’est pas «abolition/pas abolition», mais qu’elle porte la nécessité du respect des droits des personnes qui exercent le travail sexuel. Leur droit à changer d’activité si elles le souhaitent, bien évidemment, mais aussi le droit à exercer celle-ci dans les meilleures conditions possibles. Ces deux luttes, loin de s’opposer comme on voudrait souvent nous le faire croire, doivent au contraire être menées conjointement. Une loi ne peut en aucun cas faire le choix de sacrifier une partie des femmes au profit d’une autre.
Gnanda: Moralement, si l'on se respecte soi-même, peut-on vendre volontairement son corps pour de l'argent?
Morgane Meurteuil: Premièrement, les travailleuses du sexe ne vendent pas leur corps, mais des services sexuels. Deuxièmement, on peut tout à fait vendre des services sexuels en se respectant. Troisièmement, j’ajouterai qu’il faudrait peut-être, enfin, en finir avec cette assimilation respect de soi-même, sexualité... Comme si le respect des femmes dépendait de l’usage qu’elles font de leur sexualité.

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Présentation du chat:

Le 27 novembre, l’Assemblée nationale aura à débattre de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel. Porté par la députée socialiste Maud Olivier, le texte entend «responsabiliser» les clients de prostitués et «renforcer la protection des victimes de la traite des êtres humains et du proxénétisme». A terme, la positon de la France défendue par le gouvernement est claire: l’abolition de la prostitution. La proposition a été adoptée, le 19 novembre, par la commission spéciale chargée de l’examiner.

D'après notre sondage, 60% des internautes de 20 Minutes sont favorables à la pénalisation des clients. Afin de vous éclairer dans ce débat sociétal, économique et de santé publique, la rédaction de 20 Minutes a choisi d’inviter dans ces locaux, deux actrices majeures des discussions.

Morgane Merteuil, Secrétaire générale du STRASS (Syndicat du Travail sexuel) est opposée à cette proposition de loi. L’organisation dénonce une approche «répressive» qui mettrait les prostitués «sous tutelle» et rendrait leur vie «encore plus difficile». La proposition de loi entérinerait l’idée que «les violences subies par les prostitués sont le fait de l’activité des victimes et non celui des auteurs de ces violences», peut-on lire sur le site du STRASS.

Sophie Péchaud, Présidente de l'AVFT (Association contre les Violences faites aux Femmes au Travail) est favorable à la proposition de loi. Elle estime qu’il s’agit de «lever l’impunité du client». Se disant «abolitionniste du proxénétisme», système de «mise en prostitution des femmes», elle entend pousser les États, à ne plus «mettre en place des conditions politiques et économiques favorables à la pauvreté et à la domination patriarcale.»