VOS QUESTIONSVous avez interviewé Grégory Mahé, rugbyman auteur du livre «Mon match contre l'AVC»

Vous avez interviewé Grégory Mahé, rugbyman auteur du livre «Mon match contre l'AVC»

VOS QUESTIONSLe joueur et son biographe étaient là ce lundi pour vous répondre...
La rédaction sport

La rédaction sport

Conclusion:

Grégory : Rien n’est facile lorsqu’on est victime d’un AVC mais il ne faut pas s’avouer vaincu. Tout est toujours possible. L’entourage joue un rôle primordial dans la rééducation. Merci à tous de vous intéresser à mon histoire. C’est touchant. Je souhaite à toutes les personnes touchées par ce maudit AVC de se rétablir du mieux possible. La vie est belle!

Qu’est ce qui a changé depuis l’accident dans ta vie de tous les jours? Dans la pratique de ton sport?

Grégory : Une fois que je me suis prouvé que j’étais capable de revenir un rugbyman de haut niveau, j’ai entrepris une reconversion comme kiné. J’ai repris une activité étudiante et, pour mémoriser les cours, je suis obligé de me concentrer beaucoup plus qu’avant. Comme j’ai un souci de vision périphérique, je suis obligé de tourner un peu plus la tête pour voir mes coéquipiers et surtout mes adversaires qui veulent me «tamponner» !!

Que pensent tes proches du fait que tu sois de nouveau sur un terrain de rugby?

Grégory : Ils étaient réticents pour que je reprenne le rugby. Ma mère n’ose plus assister à mes matches...

Es-tu le frère de Christophe?

Grégory : Je ne chante pas aussi bien que lui. Une vraie casserole. A part lors des troisièmes mi-temps. C’est mon cousin… Lol !!! Bien sûr je blague.

Qu’avez-vous à dire à tous ceux qui ont un proche touché par un AVC?

Grégory : Il faut s’accrocher, ne rien lâcher et se battre afin de surmonter les séquelles dûs à l’AVC. Bon courage !

Raconte nous un peu ta convalescence. Est-ce que les médecins t’ont dit d’emblée que tu pourrais recommencer à jouer, un jour? Combien te temps ça t’a pris pour pouvoir courir à nouveau?

Grégory : Les médecins ne se sont pas immédiatement prononcés car ils ne savaient du tout comment j’allais réagir suite à mon coma artificiel. On ne pouvait pas prévoir si j’allais être un «légume» ou avoir de handicaps majeurs… Trois mois après l’AVC, j’ai été autorisé à faire du footing, à porter un peu de poids. Je ne pouvais pas forcer à cause de la pression sanguine : à tout moment, une veine de mon cerveau pouvait éclater à nouveau et je pouvais refaire un AVC !

Dans quelle mesure estimes-tu que ta pratique du rugby peut-être à l’origine de ton accident? Que t’on dit les médecins là-dessus ? N’y a-t-il pas un risque de récidive en cas de choc violent?

Grégory : Mon AVC est dû à une malformation congénitale mais il est bien évident que les chocs à répétition encaissés au rugby tout au long de ma carrière n’ont pas dû arranger mon «pet au casque» !!! Lol. quoi qu’il en soit, je suis ravi d’être à nouveau rugbyman ; j’espère que les médecins m’ont bien «re-branché» les «fils» au bon endroit !!! J’ai été victime d’un AVC hémorragique et normalement il y a moins de risques de récidive.

Quand tu es sorti de l’hôpital, dans quel «état» étais-tu? Je veux dire physiquement? Et du coup, comment envisageais-tu ta vie à ce moment là? Qu’est-ce qui t’a fait reprendre espoir?

Grégory : Au sortir de l’hôpital, j’étais totalement à la rue! Physiquement, j’étais très diminué. J’avais l’impression d’être un gamin. Il me fallait tout reprendre à zéro : apprendre à manger, me servir à boire sans en renverser à côté du verre, etc… Le plus éprouvant était que je devais me concentrer énormément pour tous les actes de ma vie quotidienne. C’était très pénible. En priorité, je voulais retrouver toutes mes capacités physiques et mentales. Ensuite, mais bien après…, j’ai commencé à envisager de rejouer au rugby. Lorsque j’ai repris le sport, j’ai souffert le martyre mais rapidement mon corps a répondu présent. Mais croyez-moi, j’en ai “chié” !

Gardez vous des séquelles de votre AVC?

Oui de nombreuses séquelles. Juste après l’AVC, j’avais complètement perdu l’usage de l’oeil gauche et la vision périphérique. J’avais aussi de gros soucis de mémoire immédiate. J’étais un vrai poisson rouge! lol. Pendant plusieurs semaines, j’ai éprouvé des difficultés pour me repérer dans l’espace et dans le temps. J’ai aussi de fortes migraines. Elles sont très fréquentes mais j’estime que j’ai eu de la chance dans mon malheur. Je m’adapte à mes séquelles et je fais avec. Cela aurait être bien plus grave...

J’ai l’impression de souvent entendre parler de jeunes sportifs de haut niveau qui font des attaques cardiaques, AVC ou divers problèmes, qui finissent parfois de manière dramatique. A quoi est-ce dû selon toi (pas forcément dans ton cas)? On accuse souvent le dopage...

Grégory : Les problèmes dont vous parlez surviennent généralement à cause d’une malformation cardiaque. Dans certains sports, c’est vrai, le dopage peut entraîner des accidents cardiaques.

Il y a beaucoup de gens qui sont victimes d’AVC et tous n’écrivent pas un livre. Pourquoi l’avoir fait? Pour sensibiliser sur l’approche purement sportive du problème?

Grégory : J’ai décidé de faire ce livre pour donner de l’espoir au gens. Dans le but aussi que ces personnes trouvent un chemin face aux séquelles. Je n’ai pas fait ce livre uniquement pour les sportifs. C’est un ouvrage tous publics.

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Il y a deux ans et demi, Grégrory Mahé était victime d'un AVC, un accident vasculaire cérébral, à son domicile, après une journée de jardinage. Quatre mois plus tard, le rugbyman retrouvait les terrains, avec son club de Carcassone en Pro D2. Ce qui fait de lui le seul joueur professionnel à avoir renoué avec le haut niveau après un AVC.

Une histoire qu'il raconte dans un livre, «Mon match contre l'AVC». A la veille de la journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux, il sera présent à la rédaction de 20 Minutes, avec son biographe Stéphane Weiss, pour répondre à toutes vos questions dès 15h30.