Recrutement : 43 000 postes à pourvoir dans la filière des réseaux électriques d’ici 2030
TRANSITION ÉNERGÉTIQUE•Recrutements massifs, formation d’urgence et course contre la montre : les réseaux électriques passent à l’action
Fostine Carracillo pour 20 Minutes
L'essentiel
- La transition énergétique exige 43 000 recrutements d’ici 2030 dans les métiers techniques des réseaux électriques.
- Pour y répondre, la filière s’appuie sur les « Écoles des réseaux pour la transition énergétique », un programme national de formation.
- Soutenue par l’État, cette mobilisation vise à éviter une pénurie de compétences qui freinerait la modernisation du système.
Pour accompagner la transition énergétique et répondre à la montée en puissance des énergies renouvelables, les acteurs des réseaux électriques s’organisent. Enedis, RTE et plusieurs fédérations et syndicats professionnels (FNTP, SERCE, SNER, GIMELEC, SYCABEL) dévoilent une étude qui alerte sur l’ampleur des besoins humains à venir : 43 000 postes seront à pourvoir d’ici 2030 sur les métiers techniques clés du secteur.
Pour relever ce défi, la filière s’appuie notamment sur le programme des « Écoles des réseaux pour la transition énergétique », une initiative collective, soutenue par les ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur, du Travail et de l’Emploi, qui vise à former les futurs professionnels indispensables à la modernisation et à la résilience du système électrique français.
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Des milliers d'offres d'emploi en un clicRéseaux électriques : une course contre la montre pour recruter et adapter le système
Pour affronter le double défi du changement climatique et des nouveaux usages de l’électricité, comme la mobilité électrique ou l’intégration des énergies renouvelables, Enedis et RTE annoncent des investissements colossaux : près de 200 milliards d’euros prévus d’ici 2040 pour transformer en profondeur les réseaux électriques. Ces chantiers ambitieux font mécaniquement grimper les besoins en main-d’œuvre dans toute la filière. Aujourd’hui composée de 1 600 entreprises, réunissant gestionnaires, fournisseurs et prestataires, elle représente environ 100 000 emplois. Mais ce chiffre est appelé à grimper rapidement.
Portée par l’État via le programme « Compétences et métiers d’avenir » de France 2030, une étude inédite livre un diagnostic précis des recrutements à prévoir. Elle cible notamment les métiers dits « cœurs », soit des postes techniques essentiels, qui devraient progresser de 61 % d’ici 2030, passant de 50 000 à 79 000 emplois. Pour atteindre cet objectif, environ 43 000 recrutements seront nécessaires d’ici six ans, soit 7 000 embauches par an sur tout le territoire. Certaines régions, comme la Normandie, l’Île-de-France, l’Occitanie ou la Nouvelle-Aquitaine, se démarquent déjà par une dynamique plus soutenue, confirmant que la transition énergétique passe aussi par une mobilisation locale.
Former mieux, former plus : la filière électrique à l’épreuve des ressources humaines
Face à l’ampleur des besoins, les capacités actuelles de formation risquent d’être rapidement dépassées. L’enjeu n’est pas seulement quantitatif, il est aussi territorial, social et pédagogique. Comment attirer assez de profils dans un secteur encore trop peu connu, trop masculin, parfois concurrencé par d’autres industries ? Comment adapter les contenus pédagogiques à des métiers en mutation constante ? Comment faire en sorte que les jeunes, mais aussi les adultes en reconversion, puissent y trouver leur place ? L’étude tire la sonnette d’alarme : sans un renforcement rapide et coordonné des filières de formation, le risque est grand de freiner la transition faute de bras qualifiés.
Pour répondre à ces défis, plusieurs leviers sont mis sur la table. Il s’agit d’abord de donner envie, dès le collège, en menant des actions de sensibilisation auprès des élèves, des parents, des enseignants et des conseillers d’orientation. La féminisation des métiers est également identifiée comme une priorité stratégique. À cela s’ajoute un besoin urgent d’élargir les capacités d’accueil, notamment dans les filières techniques comme les BTS électrotechnique, tout en modernisant les contenus pour mieux coller aux réalités du terrain. Enfin, diversifier les profils en ouvrant des parcours de formation aux adultes en reconversion est une piste jugée essentielle pour élargir les viviers. Le message est clair : sans stratégie globale de formation, la transition énergétique pourrait se heurter à un mur.
Former les talents qui construiront les réseaux de demain
Pour répondre à l’énorme besoin en compétences qu’impose la transition énergétique, la filière des réseaux électriques a misé sur un levier structurant : la formation. En 2023, Enedis, RTE et plusieurs organisations professionnelles (FNTP, SERCE, SNER, GIMELEC, SYCABEL) ont lancé un programme ambitieux, les « Écoles des réseaux pour la transition énergétique ». Son objectif ? Faire naître des vocations, renforcer l’attractivité des métiers et adapter les formations aux enjeux du terrain.
Aujourd’hui, plus de 150 lycées répartis sur tout le territoire participent à cette dynamique à travers des filières Bac Pro MELEC et BTS électrotechnique. Ces cursus intègrent une part importante de contenus spécialisés, des stages longs en entreprise et des échanges réguliers avec des professionnels du secteur. En parallèle, le programme s’ouvre aussi aux adultes en reconversion, en lien avec France Travail et des organismes de formation, pour répondre aux besoins urgents en main-d’œuvre qualifiée.
Une mobilisation collective pour relever le défi des compétences
Ce projet collectif bénéficie d’un large soutien. « Le programme 'Les Écoles des réseaux pour la transition énergétique' est la réponse de la filière des réseaux électriques au défi des compétences que porte la transition écologique et énergétique. Avec l’ensemble de ses fournisseurs et en partenariat avec les pouvoirs publics, Enedis se mobilise pour former celles et ceux qui construisent la nouvelle France électrique », affirme Marianne Laigneau, Présidente du Directoire d’Enedis.
Même son de cloche du côté de RTE : « La croissance des investissements dans les réseaux de transport et de distribution d'électricité sont synonymes de nouveaux débouchés et d'emplois en France. À l'horizon 2030, les besoins de recrutement de la filière des réseaux électriques représentent ainsi un volume comparable à ceux des filières nucléaire et ferroviaire. Pour réussir cette aventure industrielle, la filière des réseaux électriques se mobilise pour faire évoluer l'offre de formation des forces vives de la décarbonation », souligne Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE.
Les réseaux électriques cherchent leurs bras : les métiers qui recrutent
La filière des réseaux électriques se transforme ainsi en véritable vivier d’emplois. Les entreprises du secteur cherchent avant tout des profils techniques, capables de construire, entretenir et moderniser les réseaux. Monteurs réseaux, chefs de chantier, techniciens d’exploitation ou de maintenance : ces métiers de terrain, parfois mal connus, sont aujourd’hui au cœur de la transition énergétique.
Découvrir le métier de monteur réseauxSelon l’étude pilotée par PwC, les besoins explosent : +70 % pour les monteurs de réseaux, +98 % pour les chefs de chantier. Au total, 80 % des recrutements se feront sur les postes d’exécution et de maîtrise, majoritairement sur le terrain. Les bureaux d’études et les postes d’ingénierie suivront, eux aussi, une dynamique soutenue.
Vous pouvez également retrouver tous les métiers des secteurs de l’ingénierie et de l’industrie via nos fiches métiers.