Ces cinq obstacles que les femmes doivent (encore) surmonter en atteignant un poste à responsabilité
inégalités au travail•Elles sont responsables, directrices ou CEO. Ces femmes en ont bavé pour briser le plafond de verre et arriver à ce niveau, elles en bavent parfois encore, nous révèle Nelly Jimenez, créatrice du podcast « Le Pouvoir au Féminin »Youssef Zein
L'essentiel
- Nelly Jimenez, créatrice du podcast « Le Pouvoir au Féminin », a identifié cinq contraintes majeures pour les femmes en position de pouvoir.
- Parmi celles-ci, on compte une obligation à l’humilité, la « falaise de verre », un double standard sur la posture, des codes de leadership masculins, et un effet de meute masculine.
- Malgré ces difficultés, des progrès sont visibles grâce à des textes comme la loi Copé-Zimmermann.
A bien des égards, être une femme dans le monde du travail – comme dans la société – est source de discriminations et d’obstacles en tous genres. Plus d’une femme active sur dix (11 %) indique avoir été victime de traitements inégalitaires ou de discriminations au travail, selon l’INSEE. Et ceux-ci existent à tous les niveaux de l’entreprise, du bas de l’échelle jusqu’aux postes de direction, où les femmes, du fait de ces difficultés, restent encore sous représentées. Même si, avec 38 % en 2024, la part des femmes à des postes à responsabilité ou de direction continue a atteint son plus haut historique depuis 20 ans d’après le baromètre « Women in Business » publié par Grant Thornton.
Des milliers d'offres d'emploi en un clicBien sûr, il appartient également aux femmes de rejoindre des ambiances saines : « Ça ne sert à rien de se battre dans des environnements toxiques. Les femmes doivent s’entourer d’alliés, hommes ou femmes, pour avancer et créer des espaces professionnels plus sains », explique Nelly Jimenez, qui produit et anime le podcast Le Pouvoir au Féminin. Ce programme a pour but de faire témoigner des femmes en poste de pouvoir sur leur expérience. La dernière en date étant Sandrine Lilienfeld, ex-DG de Camaïeu. En échangeant avec ces personnalités, Nelly Jimenez a décelé cinq contraintes majeures pour ces femmes dirigeantes.
Une obligation à l’humilité
Depuis près de 15 ans, les rapports « Women matter » de McKinsey font état du manque de confiance des femmes quant à leurs propres capacités. Pour Nelly Jimenez, l’environnement professionnel n’est pas propice à leur donner une pleine confiance en elles Cette sobriété se traduit également par moins de sollicitations salariales. : « Les femmes montrent moins d’intérêt pour la négociation salariale, ce qui nourrit l’écart de rémunération avec les hommes. »
La « falaise de verre »
D’après Nelly Jimenez, les femmes en poste de pouvoir sont « plus souvent positionnées sur des sujets complexes que les hommes ». Mais malgré cela, elles sont plus souvent testées que leurs homologues masculins et doivent constamment être dans la retenue : « Elles adoptent une posture assertive, font preuve de communication non violente, sont très brèves dans leur expression et connaissent leurs dossiers sur le bout des doigts », ajoute Nelly Jimenez.
Un double standard sur la posture
Les « femmes doivent constamment composer avec des doubles standards », regrette la podcasteuse. Le langage corporel et l’expression n’échappent pas à cette règle. Par exemple, une posture affirmée chez un homme est perçue comme du leadership, mais chez une femme, elle va être interprétée comme de l’arrogance ou de l’émotion excessive. Pour Nelly Jimenez, ces deux poids, deux mesures se sont particulièrement illustrés lors de la dernière présidentielle américaine : « Kamala Harris maîtrise son expression faciale et ne hausse jamais la voix. Une femme qui exprime trop directement ses opinions risque d’être rapidement jugée. Trump ne prenait pas de telles précautions. »
Codes de leadership
« Les codes de leadership actuels restent dominés par des normes viriles masculines », observe Nelly Jimenez. « Cela se manifeste par des comportements qui peuvent paraître inoffensifs, comme des blagues déplacées ou des gestes de camaraderie, mais qui renforcent des dynamiques de pouvoir », poursuit-elle. En revanche, la pilule ne passe pas aussi bien quand cette posture est adoptée par des femmes entreprises : « Une manageuse doit constamment prouver son affirmation de soi tout en évitant d’être perçue comme trop émotionnelle ou agressive. Lorsque Isabelle Kocher a été évincée d’Engie, on a critiqué son ''management émotionnel'', un reproche rarement fait aux hommes. Cette différence de perception est l’un des grands obstacles pour les femmes dans des postes de leadership », ajoute Nelly Jimenez.
L’effet de meute :
Dans le monde professionnel, les hommes ont souvent une dynamique de protection mutuelle. « Ils se soutiennent entre eux, ce qui rend encore plus difficile pour une femme de s’imposer, surtout dans un environnement où la sororité reste moins développée. Une femme peut se retrouver isolée face à des mécanismes de défense collective », déplore Nelly Jimenez.
Malgré ces difficultés tenaces, des progrès sont visibles, portés par des lois comme Copé-Zimmermann, qui oblige les entreprises à intégrer plus de femmes dans leurs comités de direction. « La législation oblige à plus d’égalité, donc oui, ça va vers le mieux », conclut Nelly Jimenez. Mais faute de pouvoir légiférer sur tout, les mentalités restent à changer.
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