Comment valoriser les plus de 50 ans dans le monde du travail ?
ne sonnez pas la retraite•Boudés par les entreprises et bien souvent exclus dès le tri des CV, les plus de 50 ans peinent à retrouver un emploi lorsqu’ils ont été licenciés. Entre constat amer et engagements pris par certaines sociétés, la lutte s’organiseJulie Polizzi pour 20 Minutes
Alors qu’on vit en pleine forme de plus en plus longtemps et que l’âge de la retraite ne cesse de reculer, l’emploi des seniors est un enjeu de société primordial. Or, on ne peut que constater que la France est une bien mauvaise élève en la matière… Malgré un état des lieux peu reluisant, des solutions d’insertion existent. Tour d’horizon.
Le spectre du chômage
Le taux d’emploi des 50-64 ans ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies en raison du recul de l’âge de la retraite. Ainsi, d’après l’Insee, il a atteint 66,9 % en 2023, soit son plus haut niveau depuis 1975. En parallèle, le taux de chômage des 50 ans et plus est proche de 5 % selon l’Unedic, soit l’un des plus bas sur l’ensemble de la population. On pourrait alors penser que la situation est au beau fixe. Pourtant, il n’en est rien.
Une fois au chômage, les seniors y restent en effet plus longtemps puisque l’accès à l’emploi durable se réduit avec l’âge, et ce, dès 50 ans. En 2023, le taux d’emploi des 50-54 ans atteignait 83 %, contre 77 % pour les 55-59 ans, puis seulement 38,9 % parmi les 60-64 ans selon l’Insee. Ainsi, chez les 50-64 ans, 7 personnes sur 10 ont connu une période de chômage, le plus souvent de longue durée (2,2 ans en moyenne) et en fin de carrière, d’après une étude diffusée fin 2023 par la plateforme Seniorsavotreservice.com.
Victimes de préjugés
De fait, les plus de 50 ans ne représentaient que 32 % des effectifs et seulement 11 % des embauches en 2023, selon l’index paru fin mai 2024 par le Club Landoy et le groupe L’Oréal, portant sur 567 000 salariés de 27 sociétés. Comme le précise cette étude, « ces chiffres illustrent le risque d’exclusion pour les personnes qui sortent du marché du travail à 50 ans et plus », ajoutant que « le faible taux de recrutement constitue un défi pour les entreprises ».
Mais encore faut-il que les recruteurs modifient leur perception des seniors… Leur niveau de rémunération trop élevé (78 %), la difficulté d’adopter les nouvelles technologies et modes de travail (48 %), le manque de flexibilité (32 %) et la réticence face au changement (29 %) ont ainsi été pointés comme freins à l’embauche par les entreprises à travers une étude du cabinet Robert Walters publiée en décembre 2023 sur l’employabilité des cadres seniors. Résultat : 64 % des professionnels estiment que ces actifs sont exclus sur CV, tandis que 75 % des demandeurs d’emploi de plus de 50 ans interrogés par Seniorsavotreservice.com ont ressenti une discrimination due à leur âge.
Changer la donne
Pourtant, les seniors ont de l’expérience à revendre ! De fait, les soft skills (les compétences comportementales) les plus fortes chez ce profil d’âge sont l’aisance professionnelle, la résistance au stress, le leadership, la fidélité et le management, autant de qualités recherchées.
Dès lors, il est essentiel de former les recruteurs, mais aussi de communiquer de façon plus transparente sur la rémunération dans les offres d’emploi afin d’éviter la barrière du salaire et pourquoi pas de recourir au coaching. Ainsi, 84 % des seniors au chômage ne sont pas accompagnés dans leur recherche en dehors de France Travail (ex-Pôle emploi) ou de l’Apec, tandis que ceux en poste ne bénéficient plus de réels points d’étape sur leur carrière (3 sur 10), ces rendez-vous semblants « plus orientés vers la retraite que vers l’organisation de la fin de vie professionnelle » d’après Seniorsavotreservice.com. Pourtant, suivre des formations spécifiques complémentaires (39 %) ou se faire coacher sur les techniques de recherche d’emploi (33 %) ou encore sur l’entretien d’embauche (31 %) permettrait d’améliorer l’employabilité des seniors selon les entreprises sondées par le cabinet Robert Walters.