Entre 20.000 et 30.000 militaires quittent les rangs de l’armée française chaque année. Or, au vu du jeune âge d’engagement – bien souvent à la sortie des études –, les sortants ont encore une longue carrière professionnelle devant eux. Mais encore faut-il trouver sa voie pour se reconvertir de façon judicieuse… On ouvre vos horizons !

Quel profil ?

D’après un sondage publié début 2024 par Pépite, un cabinet de recrutement composé d’anciens militaires et spécialisé sur ces profils, un peu plus de 50 % des répondants n’ont jamais travaillé dans la vie civile avant d’intégrer l’armée, sachant que 34 % ont passé plus de 20 ans sous les drapeaux, contre 37 % qui se sont engagés durant moins de 10 ans. Malgré ces longues carrières, l’âge médian de départ de l’armée se situe vers 36 ans… De façon plus globale, 76 % n’avaient pas encore atteint l’âge nécessaire pour obtenir une pension.
Pour aborder leur nouvelle vie professionnelle, 45 % des participants ont donc entamé une formation ou une reprise d’études. Les secteurs d’activité ciblés par les anciens militaires interrogés ? La sûreté et la sécurité, l’étude conseil et service aux entreprises, le transport et la logistique, le commerce et la distribution mais aussi le BTP et les matériaux de construction.

Obstacles et atouts

Néanmoins, la reconversion dans la vie civile n’est pas toujours aisée. « Les militaires ont une méconnaissance du marché civil. C’est un univers avec une infinité de métiers insoupçonnés », nous explique Clément Têtu, ancien commando marine et fondateur de Pépite. De même, « il leur faut nécessairement un temps pour s’acculturer aux différents challenges de l’entreprise afin de bien se positionner sur le marché ». Mais surtout : « Le premier obstacle, c’est le manque de confiance. Les métiers sont tellement particuliers au sein de l’armée, que les militaires se disent souvent qu’ils n’ont pas de valeur sur le marché du travail. » Pourtant, c’est tout l’inverse !
De par leur expérience unique et leur haute technicité, ces professionnels ont de nombreuses qualités à revendre. Face à une crise générale de l’engagement, les entreprises sont en effet intéressées par « l’esprit de corps qu’on développe dans l’armée, une forme de rigueur et une loyauté, mais aussi une résistance au stress », selon Clément Têtu. Grâce au système militaire qui permet d’obtenir très vite des responsabilités d’encadrement, ces profils peuvent d’ailleurs faire valoir leurs soft skills en matière de leadership et d’organisation. Quant à ceux qui ont exercé un métier technique dans l’armée, ils ont été formés à des technologies de pointe les rendant ultra-qualifiés pour des entreprises civiles !

Défense mobilité facilite la reconversion

Pour trouver sa voie, un petit coup de pouce est toujours le bienvenu… C’est pourquoi le ministère des Armées accompagne depuis longtemps les militaires, ainsi que leurs conjoints, vers l’emploi civil. Depuis 2009, c’est le dispositif Défense mobilité qui réunit les trois anciens services de reconversion des armées. L’objectif : aider le personnel partant à définir un projet professionnel réaliste et réalisable.
Cet accompagnement individualisé, accessible dès 6 mois de service, passe par une phase d’information, lors d’un premier contact avec un conseiller en transition professionnelle, puis par une étape d’orientation qui peut donner notamment lieu à un bilan personnel et professionnel et à une analyse du secteur convoité. Il est ensuite possible de bénéficier de divers services, tels que des conseils pour réaliser un CV et une lettre de motivation, une préparation à des entretiens d’embauche, une aide à la création d’entreprise ou encore des formations professionnelles et la validation des acquis de l’expérience (VAE), ainsi que des actions de recherche active d’emploi pour être positionné sur des offres de postes dans le privé ou le public.