chaleurs extrêmesLes conditions de travail s’adoucissent enfin pour les métiers du BTP

Les conditions de travail s’adoucissent enfin pour les métiers du BTP

chaleurs extrêmesDepuis le 28 juin, la canicule peut désormais ouvrir au « chômage intempéries » pour les travailleurs du BTP
Les métiers du bâtiment sont considérés comme faisant partie des plus dangereux du marché.
Les métiers du bâtiment sont considérés comme faisant partie des plus dangereux du marché. -  chameleonseye - Getty Images / Getty Images
Youssef Zein

Youssef Zein

L'essentiel

  • En été, période faste pour le bâtiment, les hommes et les femmes qui travaillent sur les chantiers sont particulièrement exposés aux fortes chaleurs.
  • La signature d’un décret le 28 juin déclenche le statut de « chômage intempéries » et l’indemnisation des ouvriers du bâtiment lorsque les températures atteignent des seuils caniculaires.
  • Cette disposition, et d’autres, témoigne de l’envie, sinon du besoin, du secteur de se réformer pour réduire la pénibilité au travail.

Les travailleurs du bâtiment devraient pouvoir souffler un peu cet été. Depuis le 28 juin, et la signature d’un décret par le gouvernement sortant, les températures caniculaires peuvent désormais justifier un « chômage intempéries ». Autrefois réservé aux situations de neige, de gel, de verglas, de pluie et de vent fort, les fortes chaleurs s’ajoutent à la liste. On ne sait pas encore à partir de quelle température ni au bout de combien de temps la canicule justifie la suspension des chantiers mais, d’après le CIBTP, le réseau de caisse de congés intempéries du BTP, cité par le Journal spécial des sociétés, les déclarations d’arrêt et les demandes de remboursement seront recevables « sous réserve que, dans le département concerné, une alerte pour forte chaleur (vigilance de niveau orange ou rouge) ait été publiée par Météo France ou qu’un arrêté préfectoral ait été pris pour ordonner une suspension d’activité au même motif ».

Mettre les chantiers en pause n’a pas le même impact en février ou en août ; la période estivale est centrale dans le BTP. En l’absence de pluie, les chantiers peuvent avancer à un rythme soutenu, mais pas au prix de la santé des ouvriers. A l’origine de ce décret, il y a « une demande du patronat » explique Olivier Salleron, président de la Fédération du bâtiment. Pour une raison, notamment, qu’on imagine bien : la pénibilité au travail hisse les métiers du BTP au sommet des classements des emplois les plus dangereux, dont celui d’Indeed paru en avril 2024.

Selon un rapport de l’Assurance Maladie de 2022 – le dernier en date –, le secteur du bâtiment regroupe 14 % des accidents du travail et plus de 20 % des décès reconnus dans un cadre professionnel. Bien que les syndicats se soient félicités de l’avancée que représente le dispositif anti-canicule, il ne s’agit que d’une « première étape », a tempéré le secrétaire national de la CFDT Patrick Blanchard auprès de l’AFP.

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Un dialogue social fort

Car, en vérité, le milieu n’a pas attendu le gouvernement Attal pour ménager ses collaborateurs pendant les vagues de chaleur : « Les entreprises s’arrangeaient pour indemniser les salariés comme elles l’auraient fait en cas d’intempéries », observe Jessica Ibelaïdene, journaliste au sein du média spécialisé Batiactu. « Désormais, c’est pleinement intégré dans le système de chômage intempéries. »

Directement confrontée au dérèglement climatique, la filière est obligée de s’adapter pour ménager ses hommes : « Des horaires décalés sont souvent mis en place. Les salariés vont commencer et finir plus tôt. À leur échelle, les entreprises essaient vraiment de soulager leurs équipes », analyse la journaliste. Mais le chantier est loin d’être terminé. Le secrétaire national de la CFDT estime que la prochaine étape devra nécessairement inclure les pics de chaleurs de 2 à 3 jours, exclus pour l’instant du dispositif.

Pour autant, le président de la fédération du BTP n’est pas du genre pessimiste : « C’est un milieu où le dialogue social est fort. Il a récemment abouti à des choses concrètes, telles que l’emploi récent d’exosquelettes, la création de la carte d’identification professionnelle du BTP (NDR : qui permet de lutter contre l’emploi de travailleurs clandestins) ou la diminution du poids du sac de ciment. Il faut que ce dialogue reste présent et actif. » Que l’on soit clair, ce n’est pas demain la veille que la vie au chantier sera aussi confortable que dans l’open space. Mais la prise de conscience est réelle et il y a – enfin – du nouveau sous le soleil.