Peut-on parler politique sur LinkedIn ?

      Peut-on parler politique sur LinkedIn ?

      législativesA l’approche du scrutin, la tentation est grande de prendre position. Au risque de se mettre à dos les collègues des services RH et communication, sur le qui-vive, ainsi que les recruteurs
      Youssef Zein

      Youssef Zein

      L'essentiel

      • LinkedIn, bien qu’étant à l’origine un réseau professionnel, est de plus en plus utilisé pour des sujets personnels.
      • LinkedIn France se déclare ouvert à cette évolution, mais la majorité des recruteurs et utilisateurs ne voient pas d’un bon œil la publication de contenus clivants politiquement.
      • Il est donc conseillé de faire preuve de prudence et de rester sur des positions politiques consensuelles, pour ne pas nuire à son image professionnelle ni à celle de son entreprise.

      Les législatives à venir sont au cœur de tous les débats. A la télévision, en famille, au bureau, sur les réseaux sociaux… Et même LinkedIn ? Entre deux CDIsation fièrement affichées par votre réseau, vous n’êtes pas à l’abri de voir apparaître des appels au vote ou des francs soutiens. Car voilà quelques années déjà que la plateforme est sortie de son cadre de réseau social professionnel. Si bien que Le Figaro enquêtait récemment sur ces personnes qui avaient trouvé l’amour… Sur LinkedIn.

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      Alors, personne ne trouve rien à redire au collègue qui fait le bilan de ses dernières vacances en solitaire et combien elles l’ont ressourcé. Mais pour ce qui est de l’opinion politique, le paradis du « personal branding » (l’autopromo) est beaucoup plus frileux. Contacté par nos soins, LinkedIn France botte ouvertement en touche : « Les membres viennent pour se connecter aux personnes de leur réseau, acquérir des connaissances, s’informer sur leur secteur d’activité, développer de nouvelles compétences et trouver un emploi. Les conversations relatives aux questions politiques et sociales peuvent jouer un rôle à cet égard et sont autorisées, à condition qu’elles respectent nos politiques. » Côté recruteurs comme utilisateurs chevronnés de la plateforme, le son de cloche est beaucoup moins favorable à la publication de pamphlets en ligne.

      « Il faut rester léger et limiter les clivages »

      « Chaque minute, 6 personnes sont recrutées via notre plateforme dans le monde », nous déclarait Esther Ohayon, à la tête de la communication du LinkedIn français en mars dernier. Avant d’y aller de sa publication militante, Philippe Caquet, du cabinet de conseil Boost’RH, pense qu’il ne faut pas perdre cela de vue : « LinkedIn est un réseau professionnel. Quelqu’un qui essaie de convaincre sur l’aspect politique semble hors sujet. Des influenceurs perdent des centaines de milliers de followers pour s’être positionnés sur des sujets d’actualité. Évidemment, un salarié ne va pas en pâtir à la même échelle, mais ses relations professionnelles peuvent vraiment se détériorer. » Qu’en est-il d’un simple appel au vote ? « Pourquoi pas », répond le DRH, « mais il faut rester léger et limiter les clivages. »

      Michel Khoury, entrepreneur et deuxième influenceur LinkedIn de France, ne rejette pas d’un revers de la main l’expression politique sur le réseau. Néanmoins, il considère que l’espace est peut-être encore trop jeune pour ça : « Le réseau est ancien, mais a connu de vraies évolutions très récemment. Personnellement, je suis arrivé il y a deux ans. Depuis, j’ai remarqué quelques évolutions, dans les contenus postés comme la façon de s’exprimer. Mais le réseau n’est peut-être pas prêt à aborder les sujets politiques, surtout quand on sait quelles violences ça peut engendrer à l’échelle de notre société. »

      Un fardeau dispensable

      Cependant, si vous avez déjà commis l’impensable, il ne faut pas non plus rentrer dans la paranoïa. Les recruteurs ont autre chose à faire que de passer chaque profil au peigne fin : « Ils vont utiliser LinkedIn pour regarder l’expérience et les compétences. Et à la rigueur, les deux dernières choses que la personne a partagées », observe avoue Cyril Capel, fondateur de l’agence conseil en développement et communication RH act4skills.

      L'expert nuance toutefois : « L’opinion politique peut avoir un impact si le candidat est hyperengagé et publie régulièrement en ce sens. En dehors de ces rares exceptions, les recruteurs ne vont pas analyser tout ce que chacun publie sur les réseaux. » Attention, ça ne veut pas dire que ces précautions doivent s’arrêter une fois embauché : « Je connais un cabinet dont une salariée grimaçait et utilisait des insultes sur LinkedIn. Le patron m’a avoué que ça le gênait, parce que ça nuisait à l’image de la boîte. C’est logique, on assimile immédiatement le salarié à son entreprise », témoigne Philippe Caquet.

      Si la direction vous demande de retirer un post excentrique « parce que tu comprends, ça affecte notre stratégie market et communication », il y a de bonnes chances qu’une prise de position en faveur de tel ou tel parti politique sur LinkedIn, avec votre visage et votre fonction accolés, risque bien de provoquer quelques remous en interne… L’image consensuelle ou politiquement neutre de la plupart des sociétés en France s’accommode assez mal d’un électron libre. Surtout sur un réseau aussi policé que l’annuaire professionnel. Pour celles et ceux qui auraient confondu X (alias Twitter) et LinkedIn, la prudence reste mère de sûreté, car le risque que remontent des publications polémiques n’est jamais très loin. Même si le printemps touche à son terme, il n’est jamais trop tard pour faire le ménage.

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