CLAVIER azertricheC’est quoi la « fraude au clavier » qui fait flipper les employeurs ?

      C’est quoi la « fraude au clavier » qui fait flipper les employeurs ?

      CLAVIER azertricheLes entreprises partent à la chasse aux tire-au-flanc qui multiplient les techniques pour ne pas se faire repérer
      Youssef Zein

      Y.Z. avec AFP

      L'essentiel

      • Les entreprises américaines surveillent étroitement la productivité des employés, grâce aux « tattlewares » – des logiciels espions permettant de suivre l’activité sur les ordinateurs.
      • Les salariés tentent de se protéger avec des astuces comme des simulateurs de mouvements de souris, mais risquent le licenciement.
      • D’après A.J. Mizes, ancien de Facebook, cette surveillance excessive est contreproductive.

      Vous vous sentez fliqué par votre n + 1 ? De l’autre côté de l’Atlantique, la banque américaine Wells Fargo a licencié une dizaine de collaborateurs qu’elle soupçonnait de « simuler leur activité au clavier ordinateur ». Dans leur quête de productivité, les entreprises américaines n’hésitent plus à se pencher de très près sur l’activité numérique de leurs salariés. A l’ère du télétravail, où le manager ne peut plus avoir les yeux rivés sur ses équipes, tous les moyens sont bons pour surveiller ceux qu’on suspecte d’oisiveté.

      Depuis la crise Covid, les employeurs font de plus en plus appel à des « tattlewares » : des logiciels espions permettant de surveiller le bureau d’ordinateur, la localisation GPS ou encore l’utilisation de périphériques comme les claviers. Dans ses lignes, le magazine Harvard Business Review révélait qu’une boîte floridienne disposait d’un logiciel capturant l’écran de ses collaborateurs toutes les 10 minutes : bonjour la confiance.

      Des astuces pour esquiver la patrouille

      Pour contourner ce contrôle intense, les salariés ont à leur disposition tout un arsenal, comme des simulateurs qui feignent les mouvements de souris, pour ne pas que l’ordi passe en veille. Sur Youtube et Tiktok, les astuces n’en finissent pas : fausses présentations PowerPoint pour aller roupiller en paix, tutoriels pour se doter d’un programme qui imite le mouvement de la souris (on parle de « mouse jigglers »)… C’est la fameuse fraude au clavier traquée par les boîtes du pays de l’Oncle Sam.

      Comme le montrent les licenciements chez Wells Fargo, ces prestidigitateurs en herbe risquent gros. Mais le monde du travail n’est pas une carrière de sportif professionnel, où l’on décortique les statistiques après chaque match pour juger de sa performance. Et cette manière de juger la productivité aux clics/jours serait contreproductive : « Plutôt que de stimuler l’innovation et la confiance, cette approche ne va faire que pousser les employés à trouver de nouveaux moyens de paraître occupé », a déclaré l’AFP A.J. Mizes, ancien de Facebook et patron d’une entreprise de conseil, qui fustige cette « tendance préoccupante à la surveillance excessive ». En France, la Cnil interdit l’emploi de telles méthodes de contrôle, sauf circonstances exceptionnelles. Comme moi, vous pouvez continuer à taper sur votre clavier dans le café du coin ou depuis votre lit sans craindre l’œil de Sauron… pour l’instant.

      Des milliers d’offres partout en FrancePostulez avec Actual, le partenaire emploi de 20 Minutes
      Postuler