A la rencontre des futurs agents de sécurité des JO
REPORTAGE•À l’approche des JO, l’entreprise Envergure poursuit la formation intense de jeunes agents de sécurité
Youssef Zein
L'essentiel
- Un nouveau titre de formation accélérée en sécurité, le CQP PSGE, a été créé pour former rapidement 20.000 agents de sécurité en vue des JO 2024 à Paris, afin de combler un déficit prévisible d’agents.
- La formation des agents de sécurité comprend des notions juridiques, techniques de fouille et de palpation, gestion des conflits, et premiers secours comme faire un garrot ou une mise en PLS.
- La principale cible de la formation est la jeunesse étudiante, motivée par la recherche d’un emploi d’été ou un intérêt pour le métier de la sécurité.
A un peu plus de 50 jours du début des JO, les locaux d’Envergure à Drancy (Seine-Saint-Denis) tournent à plein régime pour former de l’agent de sécurité à rythme industriel. « On a doublé nos équipes d’apprentissage. On est actuellement à la quatrième vague de recrutement », explique Najat Chamali, responsable du pôle sécurité de l’entreprise. La région Ile-de-France a lancé une campagne de recrutement et de formation de 20.000 agents en janvier pour assurer la bonne tenue de Paris 2024.
Conscient des enjeux logistiques qu’allait représenter la Coupe du monde de rugby fin 2023, suivie des Jeux olympiques cet été, le CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité) a créé un nouveau titre : le CQP PSGE. Obtenu au bout de seulement 106 heures de formation (dont 36 en distanciel) et renouvelable tous 5 ans, il permet d’encadrer les évènements rassemblant plus de 300 personnes – et de combler le déficit d’agents à l’approche de la compétition -.
Journée secourisme
Au programme ? L’acquisition de notions juridiques, de techniques de fouille au corps et de palpation, de la gestion des conflits ou, comme aujourd’hui, du secourisme. « On s’est focalisés sur la prévention et les gestes de premiers secours, comme faire un garrot ou une mise en PLS », détaille Abdenour, formateur en secourisme autoentrepreneur, missionné pour l’occasion.
Il ressort de la journée « très content » des quatre jeunes qu’il a eu face à lui ce jour-là. Un enthousiasme visiblement partagé par Pierre, 19 ans, qui « n’a pas vu le temps passer ». Mais non sans quelques réserves : « On commence à peine la formation. Je me demande s’ils n’ont pas réservé le pire pour la suite », ironise l’étudiant en L1 qui s’apprête à finir sa journée d’apprentissage.
Un public volontaire
A l’image de Mohamed, étudiant en M2 STAPS de 24 ans qui a découvert le dispositif via du tractage à sa faculté, la principale cible de la formation est la jeunesse étudiante. Naturellement, on peut être tentés de penser que la participation de ces jeunes est motivée par un rôle à jouer dans la bonne tenue des JO. Mais pas aujourd’hui : Mohamed est intéressé par le métier et envisage d’y travailler à terme, « pourquoi pas dans la cybersécurité ».
Pierre veut « trouver du boulot » entre deux années d’études supérieures. Avant de remplir des documents administratifs et de quitter les lieux avec le reste du groupe, les deux apprentis relèvent les difficultés de trouver un job d’été dans la région, parmi lesquelles le fait d’être – ou ne pas être – motorisé.
De plus en plus de femmes formées
La sécurité même pourrait devenir une solution de repli, tant le secteur est en tension. Une voie de garage, peut-être, mais vers laquelle les étudiants, en tout cas ceux qu’on a croisés, ne vont pas à reculons. Farès, formateur chez Envergure et directeur d’équipes dans le domaine de la sécurité depuis plus de dix ans, est enchanté de rencontrer et d’enseigner à ce nouveau public : « Ce sont des étudiants. Ils sont jeunes et très dynamiques. Ils parlent français sans aucune lacune et ont de très bonnes facultés de compréhension des consignes ».
Enfin, il salue la présence accrue de femmes, nécessaire pour assurer la palpation de leurs homologues aux entrées des sites sportifs. Pour l’heure, Envergure indique avoir formé 1.000 agents CQP PSGE depuis le début de l’année sur l’ensemble de ses antennes, soit près de 1/20e des objectifs des autorités.