ArgentLe secteur de l’accompagnement et du social sous tension

      Le secteur de l’accompagnement et du social sous tension

      ArgentLes candidats aux métiers du social et du médico-social ne sont pas assez nombreux pour répondre aux besoins de recrutement
      M.G pour 20 Minutes

      M.G pour 20 Minutes

      Dispenser les soins de la vie quotidienne, développer les capacités d’intégration, d’insertion ou d’autonomie, contribuer à l’hygiène et au confort des patients, lutter contre l’exclusion, conseiller, assister dans les démarches administratives… Les missions des métiers sociaux, médico-sociaux et de l’accompagnement sont essentielles pour lutter contre les inégalités et aider les personnes défavorisées. Tour d’horizon d’un secteur pilier de notre société.

      L’entraide comme vocation

      Les domaines d’intervention sont très variés pour répondre aux besoins spécifiques des populations fragiles et vulnérables, en difficulté passagère liée à une perte d’emploi, une maladie curable ou de la pauvreté, ou en difficulté permanente en cas de maladie chronique, de handicap ou de perte d’autonomie en raison de la prise d’âge. Tout le monde peut un jour avoir besoin de recourir à ces professionnels qui interviennent tout aussi bien auprès d’enfants, d’adolescents, d’adultes que de personnes âgées.

      Le secteur de l'accompagnement et du social sous tension
      Le secteur de l'accompagnement et du social sous tension - iStock / City Presse


      Qu’ils soient aides-soignants, éducateurs spécialisés, auxiliaires de vie, assistants de service social, accompagnants éducatifs, aides à domicile, infirmiers ou sages-femmes, ces pros partagent des valeurs de solidarité, d’altruisme et de soutien, et doivent faire preuve de patience, d’adaptabilité, de rigueur et de bienveillance. Ce sont des carrières qui répondent à cette quête de sens particulièrement recherchée depuis la crise sanitaire, notamment par les jeunes générations. Pourtant, ce sont des métiers qui sont aujourd’hui en tension : l’offre surpasse la demande…

      Un déficit de candidats

      Il n’y a en effet pas assez de candidats pour le nombre de postes à pourvoir dans le secteur, ce qui crée des difficultés de recrutement pour les entreprises et institutions. Les causes peuvent être multiples, d’origine structurelle ou conjoncturelle.
      Entre les nombreux départs à la retraite et les besoins toujours croissants de personnel dans les domaines social et médico-social, une étude prospective publiée en 2022 par la Dares, l’institut statistique du ministère du Travail, a ainsi estimé qu’il faudrait pourvoir 305.000 postes d’aides à domicile, 290.000 postes d’aides-soignants et 256.000 postes d’infirmiers et sages-femmes entre 2019 et 2030.
      Or, d’après cette projection, 224.000 postes d’aides à domicile, 107.000 d’assistantes maternelles et 104.000 d’aides-soignants resteront non pourvus, même en tenant compte des jeunes débutants. De la même manière, il manquerait « 240.000 personnes d’ici 2024 pour s’occuper du grand âge à domicile ou en EHPAD », selon Isabelle Rouhan, présidente de l’Observatoire des métiers du futur, interrogée en janvier 2023 par Pôle emploi.
      Ces métiers sont par conséquent confrontés à de forts déséquilibres de main-d’œuvre, avec des tensions qui pourraient se maintenir, voire s’accentuer. Ce sont donc autant de débouchés possibles pour des futurs diplômés qui souhaiteraient consacrer leur carrière professionnelle à aider des personnes vulnérables.

      Une attractivité ébranlée

      Les départs des seniors ne sont pas les seuls facteurs de tension du secteur de l’accompagnement et du social. Si ces professions n’arrivent pas à recruter, c’est aussi à cause de leur manque d’attractivité, de l’inadéquation géographique ou du fait que les candidats ne détiennent pas les qualifications et compétences requises. En effet, ces métiers impliquent des conditions de travail contraignantes, avec des horaires décalés, du travail de nuit ou les week-ends, et peuvent générer du stress et de la fatigue. Le manque actuel de personnel contribue également à ajouter des complications, une augmentation de la charge de travail et une déstabilisation de la continuité des soins, comme la fermeture de lits ou l’augmentation des délais d’attente, pouvant entraîner in fine une moins bonne qualité des services.

      Améliorations en vue

      Comme l’explique le site du ministère de la Santé, la pénurie de candidats serait aussi liée à « une image erronée du secteur ». Si les perspectives de carrière sont vues comme peu attrayantes, il existe pourtant des « passerelles pour changer de métier du soin et de l’accompagnement [et] acquérir d’autres spécialités, découvrir de nouvelles formations », détaille le ministère.
      Une expérimentation sur la validation des acquis de l’expérience « inversée » a en outre été lancée en mai 2023 et une revalorisation salariale enclenchée depuis 2020. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit de professions de cœur, aux forts impacts sur le quotidien de millions de personnes, fondamentales pour répondre aux besoins d’une population vieillissante, et qui mériteraient une meilleure reconnaissance.

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