L’argent ne fait pas tout. Pour une génération désireuse de mêler ambitions professionnelles et action sociétale, certains recruteurs ont le vent en poupe : les entreprises à impact. Ces dernières se définissent par leur volonté de répondre aux problématiques de société. Le 12 octobre prochain, au Centquatre à Paris, elles seront mises à l’honneur et iront dénicher leurs prochains talents lors de l’Impact Job Fair. Un salon de recrutement (dont 20Minutes est partenaire) organisé par ChangeNow. Si ce nom vous dit quelque chose, rien que de très normal : en quelques années, ChangeNow est devenu le plus grand événement au monde dédié aux solutions pour la planète. Son petit frère s’inscrit dans cette continuité en faisant se rencontrer 50 entreprises à impact d’un côté et, de l’autre, des travailleurs, ou des jeunes diplômés, animés par la volonté de donner du sens à leur projet professionnel. A l’occasion de la quatrième édition de l'Impact Job Fair, entretien avec Santiago Lefebvre, président et fondateur de ChangeNow.

      Commençons par le commencement. Comment définiriez-vous une entreprise à impact ?

      Une entreprise à impact, c’est une entreprise qui s’est donné pour mission d’apporter une solution aux enjeux environnementaux ou sociaux de notre temps. Elle part d’un problème de société aujourd’hui et trouve des solutions pour le résoudre. Bien sûr, il faut qu’elle soit viable et qu’elle ait un modèle économique qui lui permette de payer des salaires et de développer au mieux son impact. Agoterra par exemple, accompagne les agriculteurs dans leur pratique bas carbone. On peut aussi citer each One, qui accompagne les réfugiés dans leur insertion dans le monde professionnel ou aussi les Restos du cœur ! Derrière cette notion d’impact, il y a une grande diversité de structures.

      Plus que jamais, la quête de sens au travail semble primordiale. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

      Pendant longtemps, il y a eu cette promesse des Trente Glorieuses. Le travail était alors censé offrir le bonheur par la capacité d’avoir toujours plus de biens matériels. Cette vision apparaît de plus en plus désuète et on a bien observé que les nouvelles générations ne croient plus en cet idéal. Les gens veulent désormais se sentir utiles en gagnant leur vie. Une prise de conscience que j’ai moi-même vécue.

      L’Impact Job Fair présente une grande variété d’entreprises, mais à quels types de candidats auront-elles en face ?

      De manière générale, on a besoin de tous les profils. Il n’y a pas que des jeunes diplômés qui cherchent un job à impact : ils représentent un tiers de nos visiteurs. Les deux autres tiers ont souvent une bonne expérience et veulent changer pour donner du sens à leur vie professionnelle. Côté compétences, il y a une place de choix pour des ingénieurs, mais pas que. Il y a aussi énormément de postes commerciaux : tous ces modèles doivent être développés et vendus. Tous les métiers qui forment une entreprise sont représentés. Enfin, on voit des métiers auxquels on ne pense pas aujourd’hui, mais qui auront un rôle crucial demain, dans le domaine de la rénovation énergétique par exemple.

      Les sociétés franciliennes concentrent le gros des offres. Comment expliquer cette surreprésentation face à la province ?

      Sur ce marché, le meilleur moyen de recruter en région est d’avoir des antennes locales. Aujourd’hui, il y a une très forte demande des recruteurs dans le bassin parisien. C’est un secteur en pleine expansion.

      Côté recruteurs, on trouve aussi bien des petits nouveaux que des acteurs bien installés comme BlaBlaCar. Quel intérêt ont ces derniers à chercher les salariés ici plutôt que par les moyens traditionnels ?

      Cet évènement est une vraie réussite. Si on le refait chaque année, c’est parce qu’une très large majorité des recruteurs font des offres de poursuite après l’événement, qui débouchent sur des recrutements. BlaBlaCar a par exemple trouvé des talents à l’Impact Job Fair par le passé : c’est la raison de leur présence cette année. Aussi, on attire des personnes qui ont fait le choix d’avoir de l’impact dans leur carrière, donc généralement, ça marche très bien.

      On a souvent l’image des jobs à impact comme des emplois moins bien payés et où les perspectives sont limitées. Est-ce que ce salon est une manière de prouver le contraire ?

      Je ne sais pas s’il y a besoin de prouver quoi que ce soit. On a beaucoup de témoignages qui montrent à quel point ce sont des idées reçues. Sur le salon, on apporte toutes les réponses à ces incertitudes. On y trouve des métiers avec des salaires alignés sur le marché et où les perspectives sont grandes ! Si l’on commence maintenant dans ces entreprises, il y a des évolutions possibles et on le prouve à l’Impact Job Fair.

      L’existence d’un tel salon témoigne-t-elle de difficultés de la part des employeurs pour recruter ?

      Le salon a été créé parce qu’on avait vu qu’il y avait énormément de candidats qui voulaient aller dans les métiers de l’impact. Les recruteurs sont également nombreux, mais il manquait une plateforme pour que les deux puissent se rencontrer. C’est précisément le rôle de l’Impact Job Fair.

      Qu’avez-vous observé côté entreprises et côté candidats depuis les débuts de ChangeNow ?

      Les premières fois qu’on parlait d’impact en 2016, personne ne comprenait ce mot. On a continué à l’utiliser, persuadés que ça allait percer. On sentait le mouvement de fond émerger et qu’on était au point de bascule après la COP21 en 2015. On savait qu’il fallait créer un écosystème pour accompagner ces entreprises-là. À la première édition de ChangeNow (devenu le rendez-vous mondial des solutions les plus innovantes pour la planète) à la Station F on avait un peu moins de 100 entrepreneurs de l’impact. Deux ans plus tard, ils se comptaient au nombre de 1000. Il est clair qu’en quelques années, les choses ont beaucoup changé !

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