Affaire Troppmann : Connaissez-vous le premier fait divers qui a passionné les Français ?
IL était une fois À la fin du XIXe siècle, un jeune mécanicien de 20 ans dénommé Jean-Baptiste Troppmann est arrêté par la police. On l’accuse d’avoir tué huit membres d’une même famille… Le début d’un feuilleton criminel qui va passionner la France.
- En 1869, Jean-Baptiste Troppmann défraie la chronique. Il est accusé d’avoir tué Jean Kinck et son épouse Hortense ainsi que leurs six enfants, pour dérober leur argent.
- Connu sous le nom du « massacre de Pantin », le fait divers passionne rapidement les Français. Les chiffres de vente du « Petit Journal » explosent.
- Pourquoi cette affaire est-elle un tournant dans l’histoire du fait divers ? Fabrice D’Almeida, historien, et Bérénice Mariau, enseignante-chercheuse en Information-Communication, vous expliquent tout dans la vidéo en haut de l’article.
Pantin. Nous sommes en 1869. Au petit matin, un cultivateur doit faire face à une scène glaçante. Il découvre le cadavre d’une femme au beau milieu d’une plaine. Ni une, ni deux, l’homme sonne l’alerte. La police accourt sur place… Le début d’une des affaires criminelles les plus médiatisées du Second Empire. Dans une fosse commune, ils déterrent six corps mutilés : celui d’Hortense Kinck et de ses cinq enfants, âgés de 2 à 13 ans.
Pendant plusieurs semaines, cette affaire va faire la Une de la presse. « Le crime de Pantin » devient un feuilleton quotidien. « Il y avait eu des crimes, il y avait eu des meurtres qui avaient retenu l’attention. Mais là, c’est le premier fait divers qui jouit d’une couverture de presse sans précédent », commente l’historien Fabrice d’Almeida.
Après la découverte des corps, très vite, les regards se tournent vers Jean Kinck, le mari d’Hortense, et leur fils aîné Gustave. Les deux hommes sont introuvables. Sont-ils coupables ? Les cadavres des deux malheureux, eux aussi assassinés, seront finalement retrouvés peu de temps après.
Arrêté par la police au Havre, un dénommé Jean-Baptiste Troppmann se retrouve au cœur de l’affaire. Petit à petit, l’étau se resserre. Les charges s’alourdissent contre lui. Le jeune mécanicien de 20 ans est accusé d’avoir tué la famille Kinck pour la voler.
L’affaire Troppmann : le début d’une mutation de la presse
Pendant plusieurs semaines, l’affaire Troppmann défraie la chronique. « Est-ce un acte de vengeance ou bien a-t-on affaire à un fou furieux ? » peut-on lire dans les colonnes du Petit Journal le 22 septembre 1869.
« On est au début du journalisme quand Le Petit Journal commence à se saisir de l’affaire Troppmann, continue Fabrice d’Almeida. Ils ne vont pas hésiter à la fois à faire des éléments d’enquêtes, à rechercher de témoins (…). Le Petit Journal a cette incroyable capacité à émettre des hypothèses, à décrire des scènes comme si c’étaient des romans de fiction. » Une formule qui fonctionne : de la découverte des corps jusqu’à l’exécution de Jean-Baptiste Troppmann, les chiffres de vente explosent. « Ça va participer à une forme de démocratisation du journal puisque avec ces ventes qui augmentent, la publicité va aussi augmenter et on va abaisser le prix du journal » explique Bérénice Mariau, enseignante-chercheuse en Sciences de l’information et de la communication.
Retrouvez toutes les explications autour de cette affaire dans la vidéo placée en tête de l’article.