« Ô con, faut pas qu’il tombe »… A Toulouse, on a suivi de près le déménagement du monument aux morts
sans embûche•Le monument aux morts a déménagé ce jeudi sous le regard ébahi de nombreux spectateurs qui s’étaient déplacés pour assister à un événement unique en FranceLucie Tollon
L'essentiel
- Toulouse a déplacé son monument aux morts ce jeudi, après des mois de préparation. L’édifice de 15 mètres de haut a pivoté de 90° et a été implanté 35 mètres plus loin afin de pouvoir laisser la place aux travaux de la ligne C du métro.
- A cette occasion, trois écrans géants ont été installés près du monument pour que personne ne rate une miette de cet événement historique et unique en France.
- L’occasion pour les Toulousains de se la jouer commentateurs. Thierry Rolland avec l’accent face à un exploit technique.
Plus de 1.000 tonnes en mouvement. Après des mois de préparation, une organisation millimétrée et des sueurs froides, Toulouse a déplacé sur roulettes son monument aux morts le temps des travaux de la ligne C du métro. Une prouesse technique unique en France. L’édifice a voyagé 35 mètres, sans embûches et après avoir pivoté sur 90 degrés. Celui qui n’avait pas bougé d’un iota depuis 1928 retrouvera sa place au carrefour de François-Verdier dans cinq ans.
Dès 10 heures du matin, sous un beau soleil d’été la foule s’est pressée autour du monument. Chacun voulant une place de choix pour observer l’attraction du jour. Sauf peut-être Jonathan… « Je suis con, je pensais que les écrans c’était pour la Coupe du monde ». Raté. Pour le sport, il faudra attendre le 8 septembre. Le géant s’est quand même longuement arrêté pour admirer le match qui se jouait entre les arbres et l’énorme édifice classé monument historique. Et pour cause, parmi les trois scénarios pour éviter d’abattre 50 platanes sur les allées, pour construire la nouvelle station de métro, celui de déplacer une telle bâtisse paraissait le plus fou… Mais voilà, pas de confortement, ni de démontage, mais un déménagement. Fait rare dans le monde et unique en France.
Ne pas rater une miette de cette « prouesse technique »
Ce dernier a duré plus de trois heures et pendant ce temps, les « spectateurs », émus ou joyeux, y sont tous allés de leurs commentaires : Thierry Rolland avec l’accent face à un exploit technique. A l’instar de Philippe qui a lâché, en toute simplicité : « Ô con, faut pas qu’il tombe putain ». Le coach de 39 ans a été rassuré, le monument a fini son trajet en un seul morceau sous une nuée de téléphones tournés vers lui pour immortaliser le moment. Une réussite grâce à un an d’étapes pour consolider et soulever l’édifice grâce à une charpente métallique orange – du rose aurait été trop demandé – et des roulettes.
Locaux, touristes, retraités, familles et groupes d’amis retrouvés face à trois écrans géants ou amassés proches des grilles n’ont pas raté une miette de cette « prouesse technique », comme l’appelle fièrement Tisséo.
« Je vais pouvoir le raconter à grandpa, il ne va pas me croire ! »
Un show dont les enfants ont pu pleinement profiter grâce aux confortables épaules de papa. Eux aussi ont sorti de jolies pépites comme le petit Paul attendri et caché derrière sa casquette : « J’espère qu’il sera mieux là-bas. » Le monument aux morts sera plus à l’ombre, en effet, contrairement à la jolie famille bloquée en plein soleil…
De l’autre côté des boulevards, à la différence du sage Paul, les impatients copains, Thomas et Michel étaient assoiffés : « on n’irait pas se prendre une binouse à emporter ? » Des pop-corn auraient peut-être été plus appropriés. Et plus l’édifice avançait, plus les langues se déliaient. Parfois, avec un certain panache. Une pensée pour la jeune Camille, un peu frustrée qui a lâché une jolie bombe à sa meilleure amie Laetitia : « Il se fait plus soulever que moi le monument. » Le « soulèvement » à 1,60 m aura tout de même duré quatre jours Camille…
Historique ! Le monument aux morts de #Toulouse achève sa rotation. Devant les yeux ébahis des spectateurs, l’édifice va ensuite reculer de quelques mètres ! pic.twitter.com/N8yxxVKAtP
— 20 Minutes Toulouse (@20minutestoul) August 31, 2023
Avec toujours un peu d’humour, le retraité des transports Louis s’est permis ce petit commentaire que l’on entend tous les 14-Juillet : « ils sont impressionnants nos impôts. »
Pendant ce temps, sourd au sarcasme, l’exosquelette en acier et en bois continuait, lui, tranquillement de déplacer l’édifice vers sa dalle de béton. Une opération estimée à sept millions d’euros. « C’est waouh maman ! », s’est écriée Naëlle. Bouche bée, la petite de 6 ans n’a pas lâché la main de sa mère, Julia, de la matinée. Un moment précieux pour le duo qui a fait le trajet exprès depuis Colomiers pour être au premier rang.
Quant à Vincent, 13 ans, il lui tardait de pouvoir en parler à Jean, son grand-père. « Je suis impressionné parce que franchement on voit ça qu’une fois dans une vie. Je vais pouvoir le raconter à grandpa, il ne va pas me croire ! », a assuré le collégien qui a filmé l’événement pour le montrer à son grand-père bloqué sur son lit d’hôpital.