Ville rossePourquoi le prix des musées va-t-il augmenter à Toulouse ?

Toulouse : Pourquoi le prix des musées va-t-il augmenter ?

Ville rosseDès le 1er septembre la ville et la métropole de Toulouse vont opérer une « harmonisation de la grille tarifaire des musées » en augmentant le prix. Mais pas que. Durant quatre mois en 2024, ce sera également la fin du dimanche gratuit
Lucie Tollon

Lucie Tollon

L'essentiel

  • A la mi-mandat du maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc, deux grandes décisions ont été prises concernant la culture.
  • Dès le 1er septembre, les tarifs de tous les musées des deux collectivités vont être augmentés et harmonisés. De mai à septembre 2024, ce sera également la fin de la gratuité dans les musées les premiers dimanches de chaque mois.
  • Des mesures « injustifiées et injustes » selon l’opposition qui dénonce une politique culturelle marketing.

«La culture en tant que telle n’est pas gratuite. Si ce n’est pas les touristes et visiteurs, ce sera les Toulousains… » C’est ainsi que justifie Pierre Esplugas-Labatut, adjoint au maire en charge des musées, l’augmentation des tarifs des musées de Toulouse et de sa métropole dès le 1er septembre. Quatre tarifs seront désormais généralisés : 9 euros pour les expositions permanentes des grands établissements (comme le Muséum dont l’entrée est à 7 euros actuellement) et 12 euros pour les expositions temporaires. Pour les plus petits établissements, il faudra compter 5 euros pour les expositions permanentes, et 9 euros pour les temporaires. « Il y a une réforme globale de la grille tarifaire des musées. C’était devenu incompréhensible », développe l’élu.

La deuxième raison liée à cette augmentation, selon la Ville, est le développement de ces musées. « Entre 2014 et 2022, nous avons investi 85 millions d’euros dans les établissements culturels : dans les travaux de La Grave, du musée Saint-Raymond ou encore des Augustins », rappelle Pierre Esplugas-Labatut. « Nous faisons aussi venir des expositions temporaires… Ce n’est pas rien, ça a un coût et le visiteur qui en profite doit y participer. »

« On ferme l’accès à la culture peu à peu », dénonce l’opposition

Toujours selon l’élu, la métropole et la Ville appliquent des tarifs raisonnables avec une faible augmentation. Mais Toulouse n’est pas un cas isolé. Selon Patrimostat (étude sur la fréquentation patrimoniale publiée par le ministère de la Culture), la tendance est claire : entre 2010 et 2020, les tarifs d’entrée des musées nationaux ont augmenté en moyenne de 37 % pour les tarifs pleins et 41 % pour les tarifs réduits.

« C’est une dimension idéologique particulière de faire de la culture un outil marketing », déplore de son côté Caroline Honvault du groupe d’opposition AMC. « Ils attendent un ruissellement de la culture plutôt que l’inverse. On ferme l’accès à la culture peu à peu », développe-t-elle. Agathe Roby, du même groupe dénonce, elle, une « décision désastreuse pour la culture ».

Faire payer les touristes plutôt que les Toulousains ?

Autre annonce qui ne passe pas du côté de l’opposition et d’acteurs de la culture, c’est la fin de la gratuité dans les musées le premier dimanche par mois. Cette mesure qui ne rentrera en vigueur qu’à partir de 2024 ne concernera que quatre mois par an durant la période estivale. « C’est un effet d’aubaine pour nous. C’est une fin ponctuelle et sur quelques mois durant une période extrêmement touristique. Qui plus est, en France, de nombreuses villes et lieux touristiques ont déjà abandonné ces dimanches gratuits. C’est le cas de la Cité de Carcassonne ou encore du Musée du Louvre », défend l’élu.

« C’était un engagement de Jean-Luc Moudenc en 2015 de rendre l’accès aux musées gratuitement un jour par semaine. Aujourd’hui, on tourne le dos aux plus modestes », signale Antoine Maurice, du groupe écologiste de Toulouse et Toulouse Métropole. « Beaucoup de Toulousains ne peuvent pas partir en vacances, faute d’argent et on va les priver d’activités gratuites… C’est une mesure injuste et injustifiée », estime l’élu d’opposition. « L’argument d’effet d’aubaine peut être pris différemment. On pourrait continuer la gratuité pour les Toulousains et faire payer les touristes. Des solutions, il y en a et des plus justes », conclut-il.