Toulouse : La révolution dans le tri des déchets a démarré, mais elle n’emballe pas encore les usagers
Emballages•Depuis le 1er janvier, les consignes de tri ont changé dans la métropole toulousaine. Elles doivent permettre de mieux recycler des déchets, notamment plastiques, et de réduire ce qui part à l’incinérationBéatrice Colin
L'essentiel
- Depuis le 1er janvier, les consignes de tri ont changé dans la métropole toulousaine, avec un transfert de nombreux emballages plastiques vers le bac de poubelle dédié au tri sélectif.
- Ce changement doit permettre de retirer des poubelles qui partent à l’incinération près de 3.000 tonnes supplémentaires d’emballages qui entreront dans une filière de recyclage.
- Cette mesure est pour l’heure méconnue des habitants, selon un sondage de la métropole, qui va mettre l’accent sur la communication pour inciter à trier plus et mieux.
Le pot de yaourt, le tube de dentifrice, le paquet de chips vide ou encore la barquette en plastique de tomates cerises ou de jambon. Depuis le début de l’année, tous ces déchets changent de destination. Les habitants de Toulouse métropole sont désormais invités à mettre tous ces emballages dans leur poubelle de tri, au même titre que les flacons de shampoing, les briques de lait, les canettes en alu ou le papier.
Cette petite révolution en matière de gestion des ordures ménagères est une obligation réglementaire qui doit permettre de réduire le nombre de tonnes d’ordures collectées qui partent chaque année à l’incinérateur. Mais elle est loin d’être intégrée par la population concernée, puisque, selon une étude d’opinion de la métropole, seuls 17 % des habitants ont connaissance de ces nouvelles consignes de tri.
L’objectif de mieux les recycler et leur donner une seconde vie. Ainsi, les bouteilles d’eau en plastique à base de polyester (PET) pourront être réutilisées dans une usine en Espagne qui confectionne des objets et les films plastiques pourront être transformés en sacs-poubelle dans des entreprises françaises de retraitement. « Les nouveaux emballages triés par les habitants de la métropole vont alimenter des filières spécifiques de valorisation, installées à 99 % en France et en Europe », insiste Laure Poddevin, la directrice de Citeo Occitanie.
Tous ne trouveront pas pour autant une destinée dans une entreprise de recyclage, comme les paquets de chips qui allient aluminium et plastique, dont la solution de réemploi n’a pas encore vu le jour. Ils retourneront donc dans la filière de l’incinération. C’est le cas de 20 à 25 % des déchets triés. Mais selon Citeo, les intégrer au geste de tri, cela simplifie le geste, augmente les quantités en général et donne des habitudes.
« En 2021, 30.245 tonnes de déchets triés ont été collectées sur la métropole, soit 37 kg par habitant. Avec cette simplification du tri, notre objectif est d’arriver à 33.000 tonnes chaque année, soit 41 kg par habitant », espère Vincent Terrail-Novès, vice-président de la métropole en charge des déchets.
Biodéchets en points d’apport volontaire testés
En attendant l’ouverture d’un nouveau centre de tri ultramoderne, avec lecture optique, en 2025 à Bessières, celui de Toulouse s’adapte. Mais il ne sera pas en capacité de traiter tous ces nouveaux flux. « Nous avons donc mis en place des solutions transitoires de traitement, au sein du centre actuel pour traiter les emballages fibreux et non fibreux, mais aussi en en expédiant une partie de ces déchets vers deux centres de tri en Lozère et près de Montauban. Cela a un surcoût de 2 millions d’euros, mais le geste de tri a un coût et c’est une période transitoire », poursuit l’élu, qui ne prévoit pas pour l’instant de changer le rythme de collecte des bacs bleus et jaunes dédiés au tri, « mais l’adaptera si c’est nécessaire » et si les habitants jouent le jeu. Il est pour l’heure possible de demander un bac plus grand à la métropole.
Car au fur et à mesure que les poubelles de tri grossissent, celles consacrées aux ordures ménagères vont se réduire. D’autant que, l’an prochain, pour les alléger encore plus, le traitement des biodéchets va aussi se déployer. Au-delà des composteurs individuels ou collectifs, la métropole va expérimenter, à compter de cette année, la collecte des déchets alimentaires sur des points d’apport volontaire. Ce sont les habitants du quartier du Grand Noble, à Blagnac, qui pourront s’y essayer à compter d’octobre grâce à un équipement de précollecte qu’ils pourront avoir chez eux avant d’aller jeter leurs biodéchets dans l’un des 10 bacs abrités installés sur l’espace public. Avec comme objectif, grâce à tous ces dispositifs, de passer de 5,8 kg de déchets alimentaires collectés et compostés par habitant en 2021 à 8 kg l’an prochain.
En attendant, pour mettre l’accent sur la nouveauté du tri, une grande campagne de communication va être lancée pour accélérer la prise de conscience des usagers. Une prise de conscience qui semble avoir commencé à germer ces dernières années puisque le volume des poubelles des habitants a diminué. « En 2010, 472 kg de déchets étaient produits par habitant. En 2021, c’était 447 kg et notre objectif c’est qu’en 2024 on arrive à 420 kg. Nous sommes sur une bonne trajectoire », s’est félicité Jean-Luc Moudenc, le président de Toulouse Métropole. Reste désormais à emballer la population.