Toulouse : Une centaine de jeunes étrangers expulsés d’une ancienne maison de retraite
MIGRANTS•Des jeunes étrangers qui occupaient un ancien Ehpad de Toulouse et demandaient à être reconnus comme mineurs isolés ont été expulsés par les forces de l'ordre ce vendredi
H.M. avec AFP
L'essentiel
- Une centaine de jeunes, majoritairement africains, a été évacuée ce vendredi par les forces de l’ordre d’un Ehpad désaffecté de Toulouse.
- La plupart sont considérés comme majeurs par les services sociaux mais ils assurent être mineurs.
- Selon des associations, ils n’ont pas de point de chute immédiat.
Epilogue à la lacrymo pour l’ancien Ehpad des Tourelles, dans la périphérie de Toulouse ; Dès 7 h ce vendredi matin, des colonnes de CRS ont pénétré dans le bâtiment pour en expulser, en application d’une décision de justice, la centaine de jeunes étrangers qui y vivaient. Selon les associations qui les suivent, ces jeunes sont majoritairement originaires d’Afrique de l’Ouest mais ils viennent aussi d’Asie ou d’Afrique du Nord.
Parmi eux Sami, un Algérien. « Je suis arrivé en France il y a un an, je n’ai pas encore 18 ans, a-t-il confié à l’AFP, accroupi à côté d’un grand sac en plastique contenant toutes ses affaires. Jamais je n’aurais pensé être traité comme un criminel. » « Nous ne méritons pas ça. Certes, nous sommes des Africains mais nous ne sommes pas des animaux », a répété en boucle Mohamad, un Guinéen sous le coup de l’émotion.
« Ce soir, ils ne savent pas où ils dorment, des dizaines de jeunes se retrouvent SDF sans aucune solution de relogement », déplore Jennifer Gruman, du collectif AutonoMIE et de l’association Tous-tes En Classe 31 (TEC 31).
Changement de propriétaire
La plupart des jeunes concernés ont été déclarés majeurs par le conseil départemental de Haute-Garonne mais ont déposé un recours devant la justice pour faire reconnaître leur minorité et obtenir le statut de mineurs isolés.
La préfecture de Haute-Garonne indique que cette évacuation « s’est déroulée sans altercation, ni interpellation ». Selon elle, seulement trois des jeunes ont accepté une prise en charge administrative. Tous les autres ont refusé de rencontrer les services de l’Etat qui étaient sur place. « On ne peut que déplorer ce refus, car les entretiens avaient pour objectif de conduire à d’éventuelles propositions de mise à l’abri, selon le profil de chacun », ajoute la préfecture.
La ville et la métropole de Toulouse avaient mis en place en 2019 aux Tourelles « un dispositif d’hébergement provisoire » pour plusieurs dizaines de ces jeunes, avec l’appui de plusieurs associations. Par la suite, le centre communal d’action sociale (CCAS), devenu propriétaire du bâtiment de l’ancien Ehpad, a décidé de sa fermeture le 25 janvier 2022 et sommé les occupants de quitter les lieux.
Le tribunal administratif de Toulouse lui avait donné raison début mai 2022.