A Toulouse, les sous-sol s’achètent (pas cher) pour laisser passer le métro

Toulouse : Des centaines de propriétaires doivent vendre leur sous-sol pour le passage du métro (et pas à prix d’or)

SOUTERRAINC'est une des dimensions insolites de la construction de la gigantesque troisième ligne de métro dans la ville rose : 875 particuliers se voient dans l'obligation de céder le tréfonds de leur maison ou de leur jardin
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Sur le passage de la future ligne de métro de Toulouse, 875 propriétaires se voient dans l’obligation de céder leur tréfonds.
  • 400 l’ont déjà fait, sans faire fortune avec ces tractations souterraines
  • La ligne « Toulouse Aerospace Express », entre Labège et Colomiers, doit être mise en service fin 2028.

Le métro a beau faire l’autruche, se terrer, il passe toujours chez quelqu’un. A Toulouse, la future troisième ligne de métro de 27 km de long – autant que les deux premières réunies –, va traverser plus d’un millier de parcelles privées, dont 875 en souterrain. « On le sait peu, mais on est toujours propriétaire du tréfonds de sa maison, tout comme de la colonne d’air au-dessus », explique Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo Collectivités.

Des centaines de propriétaires étonnés ont donc reçu une offre d’achat, ou de servitude si le tunnel est envisagé à plus de 18 mètres sous leurs pieds. « Il y en a qui se sont mis à rêver », reconnaît l’élu. Mais brièvement car, autant le dire tout de suite, le sous-sol vaut presque des clopinettes, selon les calculs du service des domaines. Si le tréfonds d’une très grande parcelle peut occasionnellement grimper jusqu’à à 800 euros, la moyenne des lots oscille plutôt « entre 50 et 80 euros ». Pas de quoi tirer des plans sur la comète.

Une transaction d’utilité publique

Aussi inopinée soit-elle, l’offre est quasi-impossible à décliner. Le métro étant déclaré d’utilité publique, se rebeller contre l’expropriation – qui plus est invisible – reviendrait à s’orfrir les services d’un ou d’une avocate pour une cause perdue d’avance. Jean-Michel Lattes assure sur les 600 tréfonds déjà acquis, « seuls quelques rares dossiers ont posé problème ».

Certains particuliers ont surtout pu nourrir de légitimes inquiétudes à apprendre qu’un métro va passer sous leurs fondations. Mais le président de Tisséo se veut rassurant : « Contrairement à celui de Rennes, le sous-sol de Toulouse est plutôt stable. Par ailleurs, nous avons déjà deux lignes et si l’on ressentait la moindre vibration au passage du métro, cela se saurait ». Il est toutefois prévu de faire des analyses sur certains immeubles pour vérifier que rien ne bouge.

L’ensemble des acquisitions foncières pour le passage de la ligne « Toulouse Aerospace Express », entre Labège et Colomiers, est évalué à 166 millions d’euros pour un coût total du projet de 2,8 milliards. Certaines parcelles en cours d’acquisition ne serviront qu’à des emprises de chantier. Tisséo les revendra aux enchères une fois les tunneliers et tractopelles repartis. La mise en service de la ligne est annoncée pour fin 2028.