MOBILITELa nouvelle ligne de métro de Toulouse sera-t-elle vraiment écolo ?

Toulouse : La nouvelle ligne de métro sera-t-elle vraiment écolo ?

MOBILITEAlors que l’enquête publique environnementale sur la troisième ligne de métro de Toulouse est terminée, un collectif d’ingénieurs remet en cause sa capacité à faire baisser la pollution
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Le projet colossal de troisième ligne de métro de Toulouse doit encore passer le cap de l’enquête environnementale.
  • Un collectif d’ingénieurs affirme que le bilan carbone du chantier est sous-estimé tandis que l’effet environnemental de la ligne est surestimé.
  • Le maire dénonce une contribution « politisée » et fait confiance à ses ingénieurs.

Avec ses 27 km, ses 21 stations entre Labège et Colomiers et son coût estimé à 2,8 milliards d’euros, la troisième ligne de métro de Toulouse constitue l’un des plus gros chantiers d’infrastructure en cours dans l’Hexagone. Ce projet colossal date de 2014 et sa mise en service a d’abord été annoncée pour 2024 avant d’être reportée pour l’heure à fin 2028.

La fameuse ligne Toulouse Aerospace Express (TAE) passe les dernières étapes administratives. Avec notamment l'enquête publique environnementale sur son impact, fermée au public depuis le 28 janvier mais qui a donné lieu ce mardi à un conseil municipal extraordinaire assez animé. Sa vedette incontestée bien qu’absente a été le collectif des « faiseurs de ville ». Ce groupe d’ingénieurs affirme dans son étude publiée en ligne que Tisséo a sous-estimé le bilan carbone du chantier. Les documents officiels font état de 200.000 tonnes équivalent CO2 (tCo2eq) émises durant les travaux, soit « 1 % des émissions totales de la métropole ». En s’appuyant sur une méthodologie baptisée Carboptimum, utilisée pour la ligne Grand Paris Express, les faiseurs de ville pointent que des éléments du chantier ont été oubliés et calculent que son impact sera deux fois et demie plus important.

Calculs politiques ?

A ce reproche, Maxime Boyer, adjoint en charge des modes doux, assure que l’impact, qui repose dans l’enquête sur des données de 2018, sera recalculé tout au long du chantier et à son issue. Plus féroce, le maire Jean-Luc Moudenc (LR) remet lui en cause l’objectivité du collectif. Il souligne que certains de ses membres ont fait campagne pour l’opposition actuelle. « Ils avancent des chiffres contestant les nôtres mais comment voulez-vous que je les mette au même plan que nos ingénieurs ? », demande-t-il.

La deuxième critique du collectif porte sur les vertus du projet. Les documents d’enquête affirment que la ligne évitera 73.000 déplacements quotidiens en voiture soit 531.000 km de parcours par jour. Un chiffre différent de celui de 250.000 km quotidiens évités avancé sur son site par Tisséo « Il y a juste plusieurs études basées sur des périmètres différents », rectifie Jean-Michel Lattes, son président.

Par ailleurs, les Faiseurs de ville reprochent à Tisséo d’avoir considéré que les voitures ne seront jamais moins polluantes faisant fi de la modernisation en cours du parc automobile. Maxime Boyer affirme que cette évolution a été prise en compte du moins jusqu’en 2030. Il rappelle aussi que le métro reste 10 fois moins polluant qu’une voiture électrique, 100 fois moins qu’une voiture thermique tandis que le collectif considère que l’empreinte carbone de la ligne TAE ne « sera jamais positive »

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Cette querelle d’experts sera tranchée par le commissaire-enquêteur, dont l’avis ne sera d’ailleurs que consultatif. En creux, la réserve principale de l’opposition sur la TAE reste la même. Sans remettre en question le projet, elle doute encore de sa date d’aboutissement et lui reproche de consommer la plupart des crédits disponibles jusqu’en 2030. « C’est comme si on utilisait 90 % du budget d’une famille pour acheter un vélo électrique utilisable une fois tous les trois mois », résume l’élu archipélien Maxime Le Texier. Jean-Luc Moudenc dénonce pour sa part « l’énorme ambiguïté, pour ne pas dire l’hypocrisie, d’opposants qui combattent la troisième ligne sans l’assumer vraiment ». Concernant le calendrier, Jean-Michel Lattes le qualifie « d’exigeant » mais « réaliste ».