Le fantôme de Jandoubi plane sur le tribunal
Le tribunal correctionnel a continué d'examiner hier la piste intentionnelle, en particulier le cas d'Hassan Jandoubi, cet intérimaire décédé dans la catastrophe, qui portait quatre couches de sous-vêtements. Cette habitude vestimentaire alimente dep...Julie Rimbert
Le tribunal correctionnel a continué d'examiner hier la piste intentionnelle, en particulier le cas d'Hassan Jandoubi, cet intérimaire décédé dans la catastrophe, qui portait quatre couches de sous-vêtements. Cette habitude vestimentaire alimente depuis des années la thèse selon laquelle l'explosion serait due à un attentat islamiste, à laquelle une partie de la population croit toujours. Elle a pourtant été écartée par le juge d'instruction au profit de l'accident chimique. De leurs côtés, les avocats de Grande Paroisse continuent à vouloir convaincre le tribunal de l'importance de cette piste. « L'enquête, peu sérieuse, a laissé de côté certaines parties du dossier », assurent-ils. Mais pour Pierre Alfort, défense de la compagne d'Hassan Jandoubi, « cette thèse est détestable car elle accuse un homme décédé de faits graves qui déshonore sa mémoire ». Et le passage à la barre d'Anne-Marie Duguet, médecin légiste à l'hôpital Purpan, qui a procédé à l'examen du corps d'Hassan Jandoubi le 22 septembre 2001, n'a pas calmé sa colère. « Devant les diverses couches de sous-vêtements, j'ai signalé aux enquêteurs que la victime savait qu'elle allait mourir », a indiqué le médecin. Pierre Alfort s'emporte alors, arguant qu'elle a participé à colporter « la thèse nauséabonde comme quoi l'intérimaire aurait fait exploser l'usine AZF ». Réponse laconique de l'intéressé : « Mon rôle est d'apporter les éléments aidant à la manifestation de la vérité. Hassan Jandoubi était une victime, je n'ai jamais dit que c'était un terroriste. »
Vient ensuite Alain Cohen, ancien fonctionnaire de la police judiciaire. L'officier fait état des dysfonctionnements qu'il a constatés lors de l'enquête et rapporte alors des propos tenus le soir du 21 septembre 2001 par Marcel Dumas, ancien chef de la police judiciaire. « Au retour d'une réunion avec la préfecture et le parquet, il a déclaré : "si Paris veut que ce soit un accident, ce sera un accident." Je ne sais pas s'il y a eu une pression politique mais il est certain que ma hiérarchie a négligé la piste intentionnelle dès le début de l'enquête. » Face à ces éléments troublants, Alain Levy, avocat de parties civiles, demande au tribunal de procéder prochainement à une confrontation entre Marcel Dumas, ancien chef du SRPJ, et Alain Cohen. W