Procès Viguier: un amant offensif face à un mari battu d'avance
JUSTICE•A l'audience de lundi, pas de réelles confrontations entre l'amant et le mari, mais deux attitudes aux antipodes...A Toulouse, Béatrice Colin
Amorphe, voûté, le regard fixe, parfois dans le vide, Jacques Viguier a tenté lundi en fin d'après-midi de donner une réponse aux interrogations du président de la cour d'assises de la Haute-Garonne sur les circonstances de la disparition de sa femme. Mais après la prestation de l'amant de Susi, Olivier Durandet, Viguier est apparu bien peu combatif dans ses réponses.
«Quand je vois que tu es accusé de meurtre et que tu ne réagis même pas...»
En début d'audience, Durandet, qui se définit comme le «compagnon» de Susi, est venu évoquer à la barre sa journée du 27 février, ses interrogations face à ses appels restés sans réponse. Des sanglots dans la voix lorsqu'il repense aux enfants, à celle qui lui a «été enlevé brutalement», cet animateur commercial de 40 ans est apparu sûr de lui, parfois trop, lorsqu'il évoque l'enquête ou ses suspicions. Lorsque l'avocat des soeurs de la disparue, Guy Debuisson, lui demande tout de go «avez-vous tué Susi?», c'est d'un «non» franc qu'il répond. «Je n'avais aucune raison de le faire, c'est l'avenir qui se profilait pour nous. Je ne sais pas quoi répondre, tellement ça paraît évident... j'avais réussi à trouver une personne qui me correspondait», a-t-il argumenté.
Et c'est sans frémir qu'il a désigné Jacques Viguier comme l'auteur du meurtre de celle avec qui il partageait des moments intimes depuis 18 mois. «J'aimerais pouvoir dire autre chose, maintenant, j'en suis persuadé. Ouais... je pense que c'est lui», a-t-il lâché avant de s'adresser directement à l'accusé. «Quand je vois que tu es accusé de meurtre et tu ne réagis même pas, c'est affligeant», lui a-t-il lancé.
«Tu es sournois et menteur»
Il faudra attendre quelques minutes pour obtenir une réaction.«Je savais que tu étais un individu médiocre et maintenant je sais que tu es sournois et menteur», lui a répondu Jacques Viguier. Mais lorsque Francis Szpiner, l'avocat d'une des soeurs de Susi, l'interroge sur une possible culpabilité de Durandet dans ce dossier, l'accusé préfère rester en retrait. «Je suis pour la présomption d'innocence. Mon intime conviction, je ne sais pas...» S'il a une mémoire précise des horaires de la journée du 27 février, Viguier reste plus vague face à ses contradictions. Notamment sur ce qui l'a poussé à jeter le matelas où dormait sa femme et où elle aurait pu avoir des relations extraconjugales. «J'ai eu une sorte d'impulsion. Sur le moment ça m'a fait du bien», justifie-t-il. Viguier a jusqu'à jeudi pour convaincre les jurés, car le président l'a annoncé, le verdict sera rendu d'ici à la fin de la semaine.
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