L'essentiel

  • La mairie de Toulouse projette de créer une extension de la fourrière municipale de l’avenue des Etats-Unis, aujourd’hui saturée.
  • Un collectif de riverains du site de 2 hectares, retenu pour accueillir 350 voitures, s’est créé à Lafourguette pour s’opposer au projet.
  • Il regrette que la mairie n’ait pas retenu une zone déjà industrialisée pour accueillir cette extension de la fourrière plutôt que d’artificialiser des sols aujourd’hui végétalisés.

Ils ont découvert ce projet par un courrier de la mairie déposé dans leurs boîtes aux lettres le 6 octobre dernier, les invitant à assister à une réunion d’information qui se déroulait… la veille. Depuis, des habitants du quartier Lafourguette, à Toulouse, sont vent debout contre l’extension de la fourrière que la mairie a décidé d’implanter au croisement de l’avenue Einsenhower et la route de Seysses.

Deux hectares de terrain non constructible qui, d’ici deux ans, devraient accueillir près de 300 voitures, souvent abandonnées par leur propriétaire sur la voie publique ou dans des résidences privées. Un parking sécurisé que Sabine Azouz pourra bientôt voir de ses fenêtres, au lieu des arbres centenaires clairsemés aujourd’hui sur la parcelle qui jouxte sa résidence.

« Pas un quartier poubelle »

« Nous manquons d’espace vert dans notre quartier, et là, on va artificialiser les sols, déclasser des arbres centenaires. On est déjà à proximité de la déchetterie et de l’incinérateur, il y a déjà assez de sites industrialisés à Toulouse pour ne pas utiliser cette zone alors qu’elle accueille de plus en plus d’habitants. On est pas des sous-citoyens, ce n’est pas un quartier poubelle », peste cette habitante qui milite au sein du collectif crée pour dire non à cette extension de fourrière qui a lancé une pétition en ligne.

Au-delà du projet, c’est aussi la méthode que déplorent ses membres. Ils regrettent de ne pas avoir été concertés et d’avoir « été mis devant le fait accompli », embraye Jonathan Prunier, l’un des riverains qui a peur de devoir subir de nouvelles nuisances dues au trafic des camions accédant au site par les petites rues. Lundi, il sera aussi présent lors d’une réunion organisée pour informer les autres habitants et proposer des solutions alternatives, comme la création de jardins maraîchers ou de fermes urbaines.

« Sur ce site, il y aura un flux limité. Je comprends que chaque projet puisse susciter l’inquiétude, mais nous allons faire un parking sécurisé et l’idée est de proposer au fur et à mesure une végétalisation et une insertion paysagère », assure Emilion Esnault, adjoint au maire en charge de la police municipale.

Fourrière saturée

Pour ce dernier, l’extension de la fourrière municipale, située avenue des Etats-Unis, était devenue une nécessité. « Nous avons 450 places et avons déjà une petite extension de 50 places dans un garage. Mais elle est saturée, nous avons des centaines de demandes en attente pour faire enlever des véhicules "ventouses", en stationnement abusif sur la voie publique ou dans des résidences privées », plaide l’élu.

Une situation qui empêche, selon lui, les policiers municipaux « de faire de la mise en fourrière sur une politique publique de stationnement ». Seules les voitures stationnées sur les places de marché ou qui gênent la circulation des camions poubelles ont en effet un risque de se retrouver mises en fourrière à Toulouse. Celles-ci, récupérées au bout d’un à deux jours par leurs propriétaires, resteront avenue des Etats-Unis. Celles en fourrière pour une immobilisation judiciaire ou du stationnement abusif, qui restent en général plus d’un mois sur le parking, iront sur l’une des 350 places prévues à Lafourguette.

Si la municipalité a choisi ce terrain, c’est qu’il lui appartient déjà et est inconstructible. « La présence d’un parking sécurisé peut aussi réduire les risques d’occupation illégale de ce terrain », avance Emilion Esnault. « Il y a eu des gens du voyage il y a quelques années, mais depuis ils ont creusé des tranchées et mis des blocs de béton », relève de son côté Sabine Azouz pour qui ce n’est pas un argument. Cette dernière préfère évoquer les nuisances sonores que le projet risque de susciter. Ou encore la présence de nappe phréatique dans le secteur. « C’est paradoxal de vouloir détruire une zone verte quand la mairie n’arrête pas de dire qu’elle veut verdir Toulouse. »