AssisesProcès Viguier: Le jeu du chat et de la souris

Procès Viguier: Le jeu du chat et de la souris

AssisesUn commissaire de police plein de certitudes est entré en scène...
Jacques Viguier lors de l'ouverture de son procès le 20 avril 2009 à Toulouse
Jacques Viguier lors de l'ouverture de son procès le 20 avril 2009 à Toulouse - BORDAS/SIPA
Hélène Ménal, à Toulouse

Hélène Ménal, à Toulouse

«Un réquisitoire» avant l'heure, de l'aveu même de celui qui s'y est livré. Hier, le commissaire Robert Saby a fait le récit sans nuance des heures qui ont forgé sa conviction que Jacques Viguier devait basculer du camp des victimes à celui de l'accusé. Mêlant théâtralement faits et impressions, il a voulu «faire vivre l'enquête aux jurés». Le policier est entré dans le dossier le 9 mars 2000, soit douze jours après la disparition de Susi et neuf après que son mari l'eût signalée. «Les éléments étaient extrêmement troublants mais le plus troublant c'était lui!», a insisté l'officier de police judiciaire, surpris d'emblée que Jacques Viguier n'ait même pas questionné le voisinage à ce stade. Il a ensuite raconté l'épisode où les enquêteurs ont procédé aux premières constatations au domicile du couple, «le dernier endroit où Susi a été vue». Et comment, au moment où un policier a désossé le canapé où elle dormait habituellement, révélant l'absence du matelas, l'accusé «est devenu livide, s'est décomposé, quittant précipitant la pièce sans vouloir y retourner». Entre les traces de sang, la réapparition du sac à main dans un placard, le matelas jeté deux jours plus tôt à la décharge et anéanti dans un incendie criminel... pour Robert Saby «les éléments matériels sont tout simplement énormes».


«Une création de fantasmes»


L'aide à la victime s'est muée le jour-même en garde à vue. Quarante heures de face à face, décrite comme «un mano a mano» homérique y compris par Jacques Viguier. Où l'accusé «répond brillamment à côté ou pas du tout aux questions», chancèle, mais n'avoue pas. «Il n’a fait que mentir», a affirmé l’enquêteur qu’il «a dégoupillé» et tué Susi. «Il y a une création de fantasmes extraordinaires sur ce qui aurait pu se passer. Ça m'a tellement dégouliné dessus que j'avoue que j'aurais dû prendre des notes», a répliqué l'accusé à ce récit à charge sans s'expliquer plus avant. Ses avocats auraient aimé que Robert Saby s'entête avec le même acharnement sur Olivier Durandet, l'amant de Susi, dont le témoignage est finalement attendu aujourd'hui. «Il a été placé sur écoute le même jour que Jacques Viguier. Ces enregistrements ont révélé qu’il était profondément inquiet et se démenait comme dix pour la retrouver», a expliqué le commissaire pour qui l’intéressé «n’avait ni le calibre, ni l’intelligence» d’être à l’origine de la disparition de Susi.


Clic clac évaporé
C'est le mystère dans l'affaire. Le fameux canapé «clic-clac» de Susi désormais célèbre sous l'appellation de «scellé n°77» a tout bonnement disparu des locaux du garde-meuble à qui il avait été confié. C'est une copie qui a été présentée hier à l'audience.