JUSTICELa grenade policière explose par accident, un étudiant attaque l’Etat

Toulouse : L'étudiant blessé par accident par une grenade policière assigne l’Etat en justice

JUSTICEUn étudiant toulousain blessé en 2018, quand une grenade de désencerclement a explosé dans la poche du policier qui l’interpellait, a décidé d’attaquer l’Etat en justice
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Un étudiant toulousain a été blessé en mai 2018 par l’explosion d’une grenade de désencerclement dans la poche du policier qui l’interpellait.
  • L’IGPN a conclu à un accident et le dossier a été classé.
  • Mais l’étudiant estime qu’il y a eu un dysfonctionnement du système et attaque l’Etat.

Il en fait encore des cauchemars et demande « réparation » ou du moins des explications. Guilhèm garde les cicatrices physiques « et psychologiques » de sa rencontre avec la brigade anticriminalité de Toulouse le 9 mai 2018 aux premières lueurs. La scène se passe à Marengo, près de la gare. Après une longue occupation, l’université Jean-Jaurès vient d’être évacuée par la police et Guilhem fait partie de la trentaine d’étudiants qui se dirigent vers Matabiau, répondant à l’invitation des cheminots.

La police intervient pour des dégradations. Guilhèm est extirpé du groupe par un policier qui lui porte « une clé d’étranglement ». L’étudiant en langues anciennes se débat et, dans l’action, une grenade de désencerclement explose dans la poche du fonctionnaire. Guilhem se retrouve à l’hôpital, brûlé au bras et au dos, il a une côte fêlée et un hémo-pneumothorax.

« Procédure inédite »

L’affaire n’est pas banale et le parquet saisit les enquêteurs de l’IGPN. Ils interrogent même Guilhèm, menotté à son lit d’hôpital. Quand la police des polices conclut à un accident quelques mois plus tard, le parquet classe sans suite.

Mais le jeune homme, qui n'est plus étudiant, ne compte pas en rester là. « Soit la police ne sait pas se servir de ses armes, soit elle les utilise à mauvais escient », dit-il aujourd’hui. Voilà pourquoi, près de trois ans après les faits, ses avocates, Sarah Khoury et Claire Dujardin, ont annoncé ce lundi « une procédure inédite à Toulouse ». « Nous attaquons l’Etat en responsabilité devant le tribunal judiciaire pour fonctionnement défectueux du service public », indique la première. « Il y a eu des blessures, même involontaires, les policiers auraient dû être poursuivis », estime la seconde. La procédure est lancée.