Toulouse : Alors que les violences conjugales ont flambé, bientôt des bracelets anti-rapprochement
SECURITE•Pour compléter les dispositifs d'accompagnement à la sortie des conjoints violents ou les téléphones grave-danger, ce nouveau dispositif anti-rapprochement va être déployé cette année en Haute-GaronneBéatrice Colin
L'essentiel
- Les juges toulousains vont bientôt pouvoir équiper les conjoints violents de dispositif électronique anti-rapprochement.
- En Haute-Garonne, en 2020, les violences conjugales ont augmenté de 12,1 %, plus qu’en moyenne nationale.
- L’utilisation des téléphones « grave danger », autre dispositif que la victime peut déclencher, a aussi été multipliée ces derniers mois, passant de cinq à 25 appareils à disposition en deux ans.
En novembre dernier, un Toulousain de 51 ans menaçait son ex-compagne en lui collant un pistolet d’alarme sur la tempe, puis avec un couteau. Il n’avait pas supporté d’apprendre qu’elle avait un nouveau compagnon. Cette quinquagénaire est l’une des multiples victimes de violences conjugales, qui ont vu leur nombre flamber l’an passé.
« Les violences infrafamiliales ont augmenté de plus de 8 % en Haute-Garonne en 2020. Parmi cette hausse des violences au sein de la famille, les violences conjugales sont en hausse de 12,1 %, plus que la moyenne française. C’est lié au confinement, mais la parole s’est aussi libérée », a indiqué mercredi le préfet de la Haute-Garonne, Etienne Guyot.
Pour endiguer ce fléau, de nombreux dispositifs ont été déployés dans le département ces derniers mois. Une cellule dédiée aux violences infrafamiliales au sein de la brigade de Toulouse-Le Mirail a ainsi été expérimentée au cours de l’année dernière. Elle a permis d’augmenter le nombre de défèrements de conjoints violents.
En 2020, plus de 2.200 plaintes enregistrées et « nous avons une hausse de 50 % des poursuites », a expliqué le procureur de la République, Dominique Alzéari dont l’obsession « est la protection des victimes ». Pour y parvenir, il joue sur plusieurs tableaux, notamment l’ordonnance de protection. Les juges en ont prononcé 84 l’an dernier, en hausse de 30 %. Elles s’accompagnent parfois par la mise à disposition d’un téléphone grave danger, qui permet d’alerter les forces de l’ordre si la victime se sent menacée.
Doté de cinq appareils il y a deux ans, le tribunal en a aujourd’hui 25 à sa disposition, attribués sur des périodes plus ou moins longues. Au cours du dernier trimestre, 34 femmes en ont eu un à leur disposition à un moment donné. Rarement déclenché, il peut avoir un côté rassurant.
En sortie de prison
Les bénéficiaires peuvent en être destinataires à la sortie de prison de leur conjoint. « Le protocole de préparation à la sortie des personnes condamnées pour des affaires de violences a donné lieu à 138 prises en charge. Il n’y a plus de sortie comme ça, il y a un accompagnement par le service de probation », poursuit le chef du parquet.
Mais d’ici peu, ce ne sera plus à la victime de déclencher l’alerte, elle sera automatique. Les juges toulousains vont bientôt avoir la possibilité d’équiper les hommes violents de bracelets anti-rapprochement. Fixé à la cheville, il géolocalise celui qui en porte un et déclenche une pré-alerte lorsqu’il se retrouve à 20 km de sa victime et une alerte lorsqu’il est dans un rayon de 10 km. La plateforme le contacte, et s’il ne change pas de direction, les forces de l’ordre sont alors alertées, ainsi que son ancienne compagne. « Nous avons trois appareils à notre disposition et nous allons rapidement monter en puissance avec ce dispositif », affirme Dominique Alzéari.