HUMANITAIRENé durant le confinement, l'élan de solidarité perdure à Toulouse

Toulouse : L'élan de solidarité envers les plus précaires né durant le confinement, encore plus d'actualité ce Noël

HUMANITAIREL’isolement et la précarité accentués par les deux confinements ont fait naître un élan de solidarité chez un certain nombre de Toulousains. Ils se sont tournés vers les associations caritatives qui ont vu leur nombre de bénéficiaires exploser
Béatrice Colin

Béatrice Colin

L'essentiel

  • A défaut de se rendre dans leurs familles, de nombreux Toulousains se tournent en ces fêtes de fin d’année vers les associations caritatives pour se rendre utiles.
  • Ces dernières ont vu de nombreux bénévoles affluer dès le premier confinement pour prêter main-forte.
  • Elles sont aussi confrontées à une hausse du nombre de bénéficiaires sans précédent, des gens tombés dans la précarité ou l’isolement avec la crise sanitaire.

Dimanche soir, plus d’une centaine de personnes à la rue ont eu droit à un repas de Noël avant l’heure à Toulouse. Comme chaque année, les bénévoles de la Main tendue 31 ont organisé leur traditionnelle distribution améliorée pour les fêtes de fin d’année, avec au menu foie gras et mets raffinés et pour l’ambiance la chorale Chœur KoKeLiKo, dont les chanteurs sont souvent eux-mêmes issus de la rue. Cette année, les bénéficiaires sont aussi repartis avec une boîte cadeau confectionnés par une jeune fille.

« Tous les ans nous à cette période de Noël, nous avons des bénévoles qui nous proposent de nous aider. Cette année, nous avons encore plus qui nous ont dit qu’elles étaient libres », explique Christian Soulié, le président de cette association qui tous les dimanches soir offre un repas aux plus démunis non loin du quartier de la gare Matabiau.

Cet élan de solidarité, il n’est pas le seul à l’avoir ressenti ces dernières semaines. A défaut de repas en famille, nombreux sont les Toulousains qui sur les réseaux sociaux tentent de trouver comment se rendre utile. Toutes les associations caritatives ont vu affluer les bonnes volontés ces derniers jours. « Beaucoup de personnes n’ont pas pu reprendre le travail, certains appartiennent au monde du spectacle ou de la restauration, et viennent nous voir en nous disant « j’ai du temps, je peux être utile ». Nous avons recueilli leurs propositions de bénévolat, ce qui nous permet d’avoir un vivier pour les centres ou le soir pour les distributions de la rue lorsqu’il y a des besoins. Et puis, on reçoit aussi beaucoup de dons ces derniers jours, de comités d’entreprise, de clubs, mais aussi des particuliers, que ce soit de la nourriture ou des jouets. », explique la présidente des Restos du Cœur de Haute-Garonne, Christiane Giovannini, dont les équipes étaient déjà constituées pour cette fin d’année.

Des bonnes volontés qui se sont fait connaître dès le mois de mars, lors du premier confinement. « La plupart ont repris depuis leur travail, mais nous avons conservé certains de ces bénévoles, en particulier le soir. C’est bien d’en entendre parler, quand on y est on touche du doigt les difficultés », poursuit la responsable associative dont les centres accueillent plus de 8.500 bénéficiaires et dont les équipes distribuent pas moins de 500 repas chaque soir aux gens à la rue ou en grande précarité. Des chiffres qui n’ont cessé de croître ces derniers mois et ont permis de changer la donne sur certains aspects. « Durant cette période, nous avons travaillé aussi avec les institutions, ils ont pris conscience de ce que l’on faisait sur le terrain, ce Covid a révélé ce que l’on faisait sur le terrain, ça nous a aussi permis de nous rapprocher des autres associations, à travailler davantage ensemble », insiste Christiane Giovannini.

Quatre cents nouveaux bénévoles au Secours Pop'

Comme le Secours populaire de la Haute-Garonne qui a vu aussi affluer de nombreuses personnes tombées dans la précarité et a enregistré pas moins de 45 % de bénéficiaires en plus au cours des derniers. Parallèlement, les bénévoles ont aussi afflué, « nous avons eu plus de 400 offres durant le confinement, beaucoup de retraités, mais aussi des salariés et des étudiants », explique Aubane Saboureau, l’une des porte-paroles de l’association qui va distribuer 3.000 paniers gourmands au cours des prochains jours et a déployé la semaine dernière ses Pères Noël verts qui offrent des cadeaux aux enfants les plus démunis.

Si elle a aggravé la situation financière de nombreux Français, cette crise du coronavirus a aussi mis en lumière l’isolement de certains, en particulier des personnes âgées. A Toulouse, depuis trente ans, les Petits frères des pauvres sont des soutiens réguliers de ces seniors confinés avant même que ce terme soit d’actualité. « Nous sommes habituellement très mobilisés pour cette période, certes la solitude est présente toute l’année, mais elle est plus ressentie durant cette période. Il y a une volonté de fêter de Noël, les autres années, nous organisions des temps de partage collectifs dans des restaurants, cette année nous avons dû nous adapter et proposer à chaque personne ce dont elle avait envie, des tête à tête ou des tout petits comités, où des visites où chaque personne reçoit des chocolats et un cadeau de Noël », indique Géraldine Viala, adjointe de la direction régionale de l’association dont les 1.000 bénévoles d’Occitanie accompagnent 1.200 personnes.

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L’élan de solidarité né de cette période particulière, elle l’a aussi ressenti. « Habituellement, nous avons toujours des propositions de personnes volontaires, cette année, avec la crise sanitaire, le confinement, a donné plus de visibilité à la question de la solitude et plus d’empathie, nous avons eu plus de propositions », poursuit cette responsable. Mais qu’elle soit ponctuelle ou pérenne, toutes restent les bienvenues, car comme le souligne la présidente des Restos du cœur 31, ce n’est que le début, « nous pensons qu’au cours du premier trimestre nous allons avoir les nouveaux sinistrés du Covid ».