ENQUETEL’engrenage fatal qui a conduit au meurtre de la forêt de Bouconne

Toulouse : L’engrenage fatal qui a conduit à un meurtre à coups de marteau dans la forêt de Bouconne

ENQUETEEn moins d’une semaine, les gendarmes ont fait – en partie – la lumière sur « le meurtre de la forêt de Bouconne », près de Toulouse. Un ex-codétenu du quinquagénaire tué à coups de marteau a été interpellé
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Le 30 octobre, le corps d’un homme, tué à coups de marteaux, a été découvert par des promeneurs dans la forêt de Bouconne, près de Toulouse.
  • Un suspect de 59 ans a été interpellé par les gendarmes le lendemain. Il a reconnu avoir intercepté la victime à la descente d’un bus et l’avoir frappée.
  • Les deux hommes s’étaient connus en détention.

Le meurtre de la forêt de Bouconne, près de Toulouse, semble trouver ses racines dans le lourd passé judiciaire des deux protagonistes. Le mercredi 30 octobre, des promeneurs avaient trouvé le corps d’un homme, la tête fracassée par « une dizaine de coups de marteau ». Le procureur de la République de Toulouse, Dominique Alzeari, a confirmé ce lundi qu’un homme avait été arrêté dès le lendemain de la découverte macabre, et a levé une partie du voile sur la victime et l’auteur présumé de ce qui est désormais considéré comme « un assassinat en récidive ».

La victime, un natif de la Somme âgé de 56 ans, avait quitté le matin même la maison d'arrêt de Seysses, où il était détenu sous le régime de la semi-liberté, pour se rendre à son travail dans une association de réinsertion de Toulouse. Il arrivait au bout d’une peine prononcée en 1993 par la cour d’assises de l’Oise pour viols sous la menace d’une arme.

Ce qui a conduit les gendarmes au suspect

Une fois connue l’identité de la victime, les gendarmes de la section de recherche de Toulouse et de la brigade du Mirail ont retracé son parcours depuis la porte de la maison d’arrêt. Généralement, il prenait le bus jusqu’au terminus de Basso-Cambo​, à Toulouse, puis sautait dans le métro. Grâce aux images de vidéosurveillance, le quinquagénaire est repéré à 5h45. Un homme semble l’attendre à sa descente du bus. La victime discute avec lui, puis monte dans sa Polo verte.

L’inconnu est rapidement identifié. Il a été détenu avec la victime à la centrale de Lannemezan puis à la maison d’arrêt de Seysses. Les deux hommes se sont aussi croisés plus récemment dans l’association de réinsertion.

Condamné à plusieurs reprises

Le suspect, âgé de 59 ans, a été arrêté dans le foyer de Toulouse où il logeait depuis sa sortie de prison, en janvier 2019. Car il avait lui aussi déjà commis un crime. En 1986, la Cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques l’avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie de dix-huit ans de sûreté, pour « meurtre et vol avec arme ». Après sa libération, il avait replongé pour un vol à main armée en 2009 et en avait pris pour dix ans de plus.

Des indices et une mise en scène

L’auteur présumé a reconnu son implication dans le drame de la forêt de Bouconne. Il a même expliqué aux gendarmes avoir dénudé le bas du corps pour brouiller les pistes et faire croire à un crime sexuel. Les enquêteurs ont retrouvé la carte de bus et les papiers d’identité de la victime dans son scooter. Enfin, il les a aussi conduits jusqu’à une poubelle, dans une autre commune de la banlieue toulousaine, où les vêtements manquants du quinquagénaire ont été retrouvés.

Un justicier au mobile encore « vaseux »

Quel secret ou quel antagonisme, passé ou présent, reliait les deux hommes pour aboutir à cette mort à coups de marteaux ? Le mis en examen a juste indiqué que le ton était monté, une fois sa future victime conduite en forêt. Mais à quel propos ? Le procureur de la République indique que l’homme est resté « vaseux ». Le magistrat évoque une dette de l’auteur présumé à l’égard de la victime, « de quelques centaines d’euros », mais semble sceptique. Lors de ses déclarations aux gendarmes, l’ex-taulard, rompu aux interrogatoires s’est aussi présenté comme un justicier ayant mis fin aux agissements d’un violeur qui, selon lui, aurait fini par recommencer.

C’est désormais au juge d’instruction en charge du dossier d’éclaircir un peu plus le mobile.