Toulouse: La housse à barrière, nouvelle astuce des commerçants contre le stationnement anarchique des vélos
MOBILITE•Confrontés au stationnement gênant des vélos sur les trottoirs, des commerçants toulousains ont dégainé leurs housses à barrière. ExplicationsHélène Ménal
L'essentiel
- De curieuses housses entourent des barrières au centre-ville de Toulouse.
- Fabriquées par des commerçants, elles servent à empêcher les vélos de se garer sur les trottoirs.
- Les cyclistes dénoncent de leur côté une pénurie d’emplacements licites.
- Consciente du problème, la mairie annonce le déploiement de 200 nouveaux arceaux en centre-ville.
C’est fait main, écolo, plutôt joli et surtout redoutablement efficace. Place de la Trinité, au centre-ville de Toulouse, la tendance été 2019 est à la housse de barrière : ficelées en bas et dimensionnées maison, elles recouvrent parfaitement les obstacles verts empêchant le moindre antivol de s’immiscer entre les barres et donc les cyclistes d’attacher leur engin.
« Depuis plusieurs semaines, je mets ma housse le matin et je la retire le soir », explique une commerçante qui a recours au stratagème apparu sur le côté de sa rue où le trottoir est étroit. « Je le fais parce que j’ai vu une dame avec une poussette se prendre une pédale dans le mollet et parce qu’on ne peut plus sortir de la boutique en fauteuil roulant », souligne-t-elle.
Une pénurie réelle de stationnements vélo
Cette commerçante n’a customisé que la petite barrière devant sa porte. C’est la seule solution qu’elle a trouvée pour faire face au stationnement anarchique des vélos, « côté trottoir, forcément, pour éviter de se le faire abîmer par une voiture ».
Si on lui demande d’enlever sa housse, elle le fera. « Mais ce qu’il faudrait surtout, c’est rajouter des arceaux sur la place où l’espace ne manque pas », plaide-t-elle.
Un avis partagé par l’association 2 pieds 2 roues qui défend inlassablement les droits des cyclistes et a pointé lundi dans un tweet le système, inédit à sa connaissance, des housses à barrière.
« On imagine que les commerçants ne font pas ça pour embêter les cyclistes, assure Jean-François Lacoste, un militant de l’association. Le problème c’est qu’il y a pénurie de stationnement pour les vélos, alors les gens se garent là où ils peuvent. Sur ce coup-là, c’est aux élus de prendre les choses en main et d’avoir le courage de supprimer des emplacements voitures car il faut aussi penser aux piétons et les trottoirs ne sont plus extensibles ».
Déploiement de 200 arceaux d’ici décembre
Du côté du Capitole, Jean-Michel Lattes, l’adjoint à la Mobilité, ne prend pas la mouche. Au contraire, il partage le diagnostic : « La récente montée en puissance des deux-roues dans l’hypercentre a créé un vrai déficit, les 4.000 stationnements [2.000 arceaux, un pour deux vélos] ne suffisent plus », dit-il.
« Mais nous avons déjà fait un état des lieux à la demande du maire, ajoute l’élu. Le rapport a été rendu par les services en mai-juin et il a été décidé de créer 400 stationnements supplémentaires en centre-ville, dont une cinquantaine sur des emplacements voiture ». Ce nouveau déploiement doit être terminé en décembre dans des secteurs identifiés comme problématiques comme Esquirol, la rue Tripière ou la rue Romiguières.
Par ailleurs, il existe désormais un emplacement vélo gratuit dans le parking souterrain du Capitole et la Métropole va imposer des stationnements vélos dans tous les nouveaux projets urbains.
En attendant, les commerçants qui personnalisent leur barrière risquent-ils quelque chose ? « Nous ne verbalisons pas les vélos stationnés sur les trottoirs, il n’y a pas de raison que nous verbalisions les commerçants », assure Jean-Michel Lattes. L’élu n’en a pas fini avec le casse-tête puisque les opérateurs de trottinettes en libre-service frappent impatiemment à sa porte.