Toulouse: Les graffeurs posent leurs empreintes sur les murs du périph' (en toute légalité)
ART URBAIN•Dix artistes toulousains du monde du graffiti recouvrent en ce moment 700 m2 de mur en bord de périphérique de leurs œuvresBéatrice Colin
L'essentiel
- Pour embellir les 236 mètres de linéaires de couleur brique qui jouxtent l’échangeur des Ponts-Jumeaux, sur le périphérique extérieur, l’Etat et la métropole de Toulouse une convention font réaliser des fresques artistiques.
- Au total, 700 mètres carrés sur lesquels dix graffitis artistes toulousains peuvent exprimer leur univers.
- Tous les jours près de 140.000 automobilistes passeront désormais devant leurs fresques.
On voit rarement des graffeurs peindre les murs du périphérique en plein jour. Encore moins avec l’aval de la direction des routes du sud-ouest (Dirso), plus prompte habituellement à faire disparaître leurs œuvres qu’à payer pour les voir fleurir sur les écrans acoustiques qui ceinturent les voies de circulation.
Et pourtant, depuis quelques jours, ce qui aurait pu être invraisemblable il y a encore quelques années, est devenu réalité.
Pour embellir les 236 mètres de linéaires de couleur brique qui jouxtent l’échangeur des Ponts-Jumeaux, sur le périphérique extérieur, l’Etat et la Métropole de Toulouse une convention font réaliser des fresques artistiques, « pour montrer que Toulouse est une ville créative », assure son adjoint à la Culture, Francis Grass.
Une reconnaissance du graffiti
Au total, 700 mètres carrés sur lesquels dix graffitis artistes toulousains peuvent exprimer leur univers. « C’est un endroit mythique, ça fait plus de 30 ans qu’on peint à Toulouse pour certains d’entre nous, c’est une récompense en quelque sorte », assure Julien Soone. Et pourtant, à l’instar de 2Pon ou Der, cet artiste n’a plus à faire ses preuves.
Membres de la Truskool toulousaine, ils ont laissé leur empreinte aux quatre coins du monde. Malgré cette reconnaissance internationale, pendant des années, leur art a été minoré dans la Ville rose. Mais depuis quelques années, les murs du centre-ville leur sont ouverts. « C’est une question de génération, aujourd’hui, on prend de l’âge, et les responsables politiques aussi, ils sont plus ouverts. Il est temps que les mentalités changent, le graffiti est enseigné aux Beaux-Arts », enchaîne Der.
140.000 automobilistes passeront chaque jour devant leurs fresques
Certaines de leurs œuvres auront en tout cas plus de visibilité que d’autres enfermées dans des musées et bien plus côtés. Tous les jours près de 140.000 automobilistes passeront désormais devant leurs fresques.
« Pour nous c’est une première, d’habitude nous les recouvrons, ce qui nous coûte chaque année 30.000 euros. Ou bien nous mettons en place des grillages anti-tag et des barrières végétalisées. Si cette expérimentation marche, nous comptons mener d’autres actions du même type », assure d’ores et déjà Jean-Charles Mourey de la Dirso qui a dépensé 50.000 euros dans cette opération conjointe avec la métropole.