Toulouse: C'est le grand chamboulement dans les salles de cinéma
CULTURE•Alors que l'UGC du centre-ville vient de fermer ses portes et l'Utopia d'ouvrir les siennes à Borderouge, le paysage des salles obscures se recompose dans l'agglomération toulousaineBéatrice Colin
L'essentiel
- Mardi dernier, 43 ans après son ouverture et une baisse de fréquentation ces dernières années, le cinéma UGC fermait ses portes place Wilson. Au même moment, Utopia inaugurait ses trois salles art et essai à Borderouge.
- Quatre projets de salles de cinéma sont en projet dans l’agglomération toulousaine, que ce soit des multiplexes ou des salles art et essai.
- Après avoir été cantonnés au centre-ville et en grande périphérie, les exploitants se tournent vers les nouveaux quartiers et faubourgs.
Il y a une semaine, 43 ans après son ouverture en plein centre-ville de Toulouse, le cinéma UGC fermait ses portes. Alors que de l’autre côté de la place, le Gaumont Wilson avait investi massivement, cet établissement ne s’était pas mis à la page des dernières technologies. Avec pour conséquence directe une baisse continue de fréquentation ces dernières années.
En 2018, les sept salles de l’UGC ont accueilli 270.000 spectateurs, soit seulement 40.000 spectateurs de plus qu’à l’American Cosmograph et ses trois écrans destinés à l’art et essai.
Et pourtant, à Toulouse, comme dans le reste de la France, le cinéma se porte bien assure le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). « En Occitanie, il y a eu 17 millions de spectateurs et si l’on regarde en termes de recettes, sur la région elles sont passées de 109 millions en 2015 à 114 millions en 2018 », a indiqué, mardi à Toulouse, Xavier Lardoux du CNC. Les cinémas de Toulouse intra-muros ont accueilli à eux-seuls 1,7 million d’amateurs.
Rééquilibrer les cinémas sur le territoire
Une dynamique qui n’a pas échappé aux porteurs de projet. Au moment où l'UGC fermait ses portes, à Borderouge, un quartier sorti de terre il y a moins de 10 ans, le réseau Utopia inaugurait son dernier établissement équipé de trois salles.
« Le centre-ville grossit, s’élargit. Nous voulons faire des cinémas dans des endroits moins propices, non loin des quartiers prioritaires. Et ça marche, parfois avec trois salles nous avons plus de spectateurs que des multiplexes de 8 à 10 salles dans des zones commerciales. Il y a besoin de culture dans toutes les zones », assure Anne Faucon d'Utopia.
Un sentiment partagé par l’adjoint à la Culture de la mairie de Toulouse. « Jusqu’à présent, l’offre de cinéma à Toulouse est très concentrée sur l’hypercentre et à l’extérieur. Les quartiers sont peu dotés, la tendance est donc de rééquilibrer sur le territoire. Nous sommes parmi les plus gros consommateurs de cinéma et il faut aussi voir que nous gagnons chaque année de nouveaux habitants », souligne Francis Grass qui a mis en place un schéma directeur cinéma sur le territoire de la Métropole.
Quatre projets lancés
Une tendance à investir les faubourgs qui se ressent chez les porteurs de projets. Ainsi l’UGC a décidé d’installer sept nouvelles salles dans le quartier de Montaudran Aerospace. Prévu initialement pour 2020, le projet a pris du retard, des cinémas d’art et d’essai ayant décidé de déposer un recours face à la concurrence que cette arrivée pourrait représenter.
A l'Ouest de Toulouse, deux cinémas vont bientôt voir le jour. La mairie de Toulouse vient de délivrer le permis de construire au Mégarama de Basso-Cambo, un multiplexe de douze salles.
A Colomiers, la mairie vient de remporter la bataille judiciaire qui l’opposait depuis plusieurs mois à Utopia. Elle pourra construire son nouvel établissement de cinq salles qui viendra remplacer l’actuel Central et sera géré par le groupe qui exploite déjà le VEO de Muret.
Une petite salle, loin de deux gros multiplexes de Labège et Balma. « Leur arrivée dans les années 2000 a favorisé le départ des étudiants du centre-ville vers la périphérie. Mais les cinémas du centre ont travaillé pour les faire revenir et c’est le cas », indique Jean Villa qui gère le VEO de Muret.
Un public jeune, séduit par une nouvelle façon d’aller voir un film. C’est ce que perçoivent les créateurs de la Forêt électrique. Après avoir installé un cinéma éphémère à la Cartoucherie, ils ont décidé d’investir dans du dur, avec un projet qui doit voir le jour dans le quartier Bonnefoy. « Nous l’avons pensé comme un lieu de vie, où le spectateur s’implique, où l’on peut voir des films, des séries mais aussi trouver des jeux vidéo, qui fait à la fois lieu de création », explique Agnes Salson, co-fondatrice de cette future salle de cinéma, complètement hybride et qui a déjà trouvé son public.