VIDEO. Toulouse: Comment les étudiants autistes sortent enfin de leur «bulle»
SANTE•La Bulle, toute première association d'étudiants autistes, vient de voir le jour à Toulouse. Un pas sur le long chemin d'une université «Aspie-Friendly», plus inclusiveHélène Ménal
L'essentiel
- Il n’y a que 500 étudiants autistes recensés en France.
- L’université fédérale de Toulouse est à l’origine d’un projet pilote pour les inclure mieux et aller vers des facs « Aspie-Friendly ».
- Grâce à lui, une association inédite d’étudiants autistes vient de voir le jour.
Un cours qui change de salle, un énoncé mal formulé ou l’indescriptible brouhaha d’un resto U. Des ingrédients somme toute banals d’une vie d’étudiant. Pas pour Benoît, en DUT informatique, Paul, le féru de maths, ou Laura en licence de physique. Parce qu’ils sont « Aspie », atteints de troubles du spectre de l’autisme sans déficience intellectuelle. Pour eux, un événement anecdotique peut s’avérer insurmontable. D’ailleurs il n’y a que 500 Aspie scolarisé dans les universités françaises alors qu’on estime que 0,5 % de la population est concernée.
C’est dire le parcours du combattant que ces étudiants toulousains ont dû franchir pour en arriver là où ils sont. Ces « invisibles » ont même franchi leur Himalaya à eux. Mardi, ils se sont exprimés sur l’estrade d’un amphithéâtre de l’Université Toulouse-Jean-Jaurès, pour raconter les problèmes qu’ils rencontrent et dire leur volonté d’être acceptés comme ils sont.
Mieux encore, ils ont monté La bulle, une association d’étudiants Aspie. « C’est tout simplement fabuleux. Je voyage beaucoup et je n’en connais pas d’autres en France ou en Europe », s’enthousiasme l’écrivain et philosophe Josef Schovanec, lui-même autiste Asperger et militant de l’inclusion des Aspies.
« Au début j’étais réticent à l’idée de rencontrer d’autres Aspies, reconnaît Fabien*, étudiant en documentation. Longtemps, il n’a pas regardé les autres dans les yeux. Il a été « cet élève qui lit un livre seul dans un coin de la cour ». Mais grâce à une neuro-psychiatre, il arrive désormais à « se mettre en danger », « à prendre le bus et le métro pour venir à la fac ». Alors, finalement, il fait partie de la dizaine de pionniers de La Bulle. « Pour aider les autres ».
Repas bleu au resto U
Cette association est une des premières pierres du projet porté par l’Université fédérale de Toulouse d’aller vers des établissements «Aspie-friendly». « Tous les autistes ne sont pas des génies mais tous ont leur place dans la société », explique Bertrand Monthubert, son coordinateur qui a déjà convaincu une vingtaine d’universités de rentrer dans le réseau et obtenu des financements du ministère. Il multiplie les sessions de formations pour le personnel pédagogique. Pour que des professeurs ne lancent par exemple plus une problématique « mettez-vous en groupe ».
Mardi 2 avril, pour la journée mondiale de l'Autisme, les restos U de Toulouse, serviront un « repas bleu ». « Sans ingrédients qui se touchent ou mélanges de sauce » et avec un menu annoncé l’avance. Il n’y a pas que les Aspies qui s’en réjouissent d’avance.
* Le prénom a été changé