«Gilets jaunes» à Toulouse: Les distributeurs sont HS, l'argent liquide se fait rare
SOCIAL•Au centre de Toulouse, les distributeurs de billets épargnés par les manifestations du samedi se font rares. Récupérer des billets demande un certain investissement.Hélène Ménal
L'essentiel
- Entre quarante et cinquante distributeurs de billets ont été détruits dans l’hypercentre de Toulouse depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ».
- Certaines banques ont renoncé à les réparer.
- Dans certains commerces, l’effet se fait ressentir.
C’est un effet collatéral du mouvement des «gilets jaunes» et des samedis enflammés : dans l’hypercentre de Toulouse, la menue monnaie et plus généralement l’argent liquide ont pris de la valeur. Tout simplement parce qu’il est plus difficile d’en trouver. Depuis le 17 novembre, « entre quarante et cinquante distributeurs automatiques de billets [DAB] ont été vandalisés », indique Pierre Carli, le président régional de la Fédération bancaire française.
Sans surprise, ces appareils sont devenus la cible de prédilection des casseurs qui ne lésinent pas sur les moyens : écrans explosés, claviers fondus au chalumeau, ou neutralisation par injection de peinture jaune.
aDepuis début janvier, un phénomène nouveau s’ajoute. « Certaines banques ont décidé de ne pas réparer car cela prend plusieurs jours et qu’ils sont recassés le samedi suivant », reconnaît Pierre Carli. Du coup, en plus des DAB explosés, il y a ceux qui sont condamnés, par des panneaux d’aggloméré ou des plaques blindées.
Alors évidemment, la situation n’est pas catastrophique. « Ça pose forcément un problème mais il reste toujours la possibilité d’aller dans les distributeurs internes et de retirer au guichet, remarque le banquier. Et de nombreux commerçants prennent la carte pour de petites sommes ».
« C’est vraiment la galère »
Pour peu qu’on ait le temps de flâner, un DAB miraculé finit toujours par surgir, le plus souvent dans un discret renfoncement. Mais cela n’empêche pas les désagréments. « C’est vraiment la galère. Les clients râlent d’autant plus qu’on ne prend pas la carte en dessous de quatre euros », confie une boulangère.
Du côté de Victor-Hugo, « Jeff », un serrurier dont la boutique est entourée de banques barricadées, constate que « le problème s’aggrave ». « Je n’ai pas l’appareil pour les cartes. Alors, bien sûr, je prends les petits chèques mais j’ai moi-même de plus en plus de mal à reconstituer mon fond de caisse ». Chez Maurice à Saint-Georges, Laurent au bar, ne compte plus les clients « gênés » qui demandent avant de prendre place si on peut faire une carte pour un café à 1,20 euro. Ouf, la réponse est oui.